Afrique du Sud-Lesotho 3ème partie : du Lesotho à Capetown

Afrique du Sud-Lesotho 3ème partie : du Lesotho à Capetown

Afrique du Sud-Lesotho 3ème partie : du Lesotho à Capetown

Du 12 au 19 mai 2013

Butha Buthe -> Maresu -> Semonkong -> Qacha's Neck -> Moroosi -> Quthing -> Mountain Zebra NP -> Tsitsikama NP -> Plettenberg Bay  -> Mossel Bay -> Cap Agulhas  -> Capetown 

Album photos Afrique du Sud-Lesotho 3ème partie : Du Lesotho à Capetown

Album photos Afrique du Sud-Lesotho 3ème partie :
Du Lesotho à Capetown

 

En savoir plus...

Dimanche 12 Mai

Heureusement qu'on a bien profité du superbe panorama à notre arrivée car aujourd'hui, le brouillard a tout envahi et ne veut pas céder sa place, nous empêchant de jouir du magnifique point de vue pourtant si chèrement gagné. On prend notre temps pour le petit-déjeuner puis on repart. Après une journée aussi riche en émotions qu'hier, on espère qu'aujourd'hui sera plus tranquille. Après avoir traversé l'agitation de la ville de Butha Buthe, on roule à travers une immense plaine. Peu à peu, la brume se dissipe nous laissant apercevoir ces nouveaux paysages. Tout autour de nous, ce sont des terres cultivées avec une altitude et un relief bien moins importants. Par contre, il y a beaucoup de monde un peu partout.

Teyateyaneng est réputé dans tout le pays comme centre artisanal. On cherche les quelques adresses repérées dans le guide, mais ce n'est pas évident de les trouver. On découvre enfin le centre de tissage recherché, mais on trouve juste une échoppe où une jeune fille nous accueille. Elle nous explique comment ils fabriquent la laine de mohair et le tissage qu'ils en font. Comme c'est dimanche, on ne les verra pas travailler. En vacances, on n'a plus le calendrier en tête et on oublie très facilement quel jour on est. Dommage pour nous, tant mieux pour eux. On achète quelques souvenirs histoire de soutenir leur activité et on poursuit notre route. Au fur et à mesure qu'on s'approche de la capitale, on a de plus en plus de monde sur et au bord de la route.

La brume matinale vient jouer les trouble-fêtes Etrange de rouler au mileiu de vastes plaines, on n'est plus habitués
La brume matinale vient jouer les trouble-fêtes Etrange de rouler au mileiu de vastes plaines, on n'est plus habitués

On prend un contournement pour éviter le trafic puis on reprend ensuite une petite route en travaux. Comme c'est dimanche, les travaux sont stoppés et on peut rouler plus facilement. On retrouve les magnifiques panoramas de montagne. La région est bien plus habitée que celle qu'on a traversé la veille et on peut ainsi admirer les très jolis petits villages que nous traversons avec les maisons en pierre au toit de chaume. La terre doit être plus fertile ou plus facile à cultiver car on voit souvent des cultures de champs en terrasses. C'est vraiment très beau. On s'arrête dans un coin pour pique-niquer. Il y a très peu de bruits de la vie moderne. Tous les sons qu'on entend font référence à la vie rurale et pastorale. Des meuglements, des bêlements, des cloches retentissent régulièrement. De temps en temps on entend des sifflements très puissants et modulés, qui se font écho de part et d'autre des montagnes. Ce doit être les bergers qui communiquent entre eux. Le spectacle est aussi sur la route avec les gens qui passent, souvent à pied ou à cheval. Quand ils nous aperçoivent, ils nous saluent avec un grand sourire.

Certaines montagnes se remarquent plus que d'autres Les villages du Lesotho sont accrochés au flanc des montagnes
Certaines montagnes se remarquent plus que d'autres Les villages du Lesotho sont accrochés au flanc des montagnes

Après cette halte plus que sympathique, on poursuit notre piste qui s'enfonce de plus en plus dans la vallée, au cœur des montagnes. Chaque détour de piste, chaque virage c'est une vision de carte postale qui s'offre à nous. Puis on débouche sur une nouvelle vallée en pleins travaux de moissons. Tout le monde est dans les champs à s'affairer. Certains coupent les tiges des céréales tandis que d'autres constituent les meules de foin. Ailleurs un paysan fait marcher un couple de bœufs ou de chevaux sur la récolte pour séparer la graine de son écorce. D'autres, plus en avance, sont déjà en train de labourer les champs avec une paire de bœufs. Au milieu de tout ça évoluent des troupeaux de moutons, de chèvres mohairs, de vaches et de chevaux. Et pourtant, pas un seul bruit de moteur. Tout est fait à force d'homme ou de bête. C'est incroyable d'assister à ces scènes champêtres d'un autre temps. Pour les spectateurs que nous sommes, c'est grandiose. La rivière qui s'écoule au cœur des montagnes doit rendre la terre plus fertile, en tout cas, elle rend les paysages encore plus beaux qu'ils ne le sont déjà.

Incroyable de voir tous ces champs cultivés en terrasse au coeur des montagnes Les meules de foin parsèment les flancs de montagnes
Incroyable de voir tous ces champs cultivés en terrasse au coeur des montagnes Les meules de foin parsèment les flancs de montagnes
Chaque village est digne d'une carte postale Notre piste s'enfonce au coeur des montagnes
Chaque village est digne d'une carte postale Notre piste s'enfonce au coeur des montagnes
Les troupeaux de vaches, de chèvre Mohair sont très courants Les paysans labourent les champs avec les moyens du bord : la charrue et les boeufs
Les troupeaux de vaches, de chèvre Mohair sont très courants Les paysans labourent les champs avec les moyens du bord : la charrue et les boeufs
Le résultat de l'activité agricole est particulièrement graphique C'est la grande époque de la moisson, tout le monde est sollicité
Le résultat de l'activité agricole est particulièrement graphique C'est la grande époque de la moisson, tout le monde est sollicité

On arrive au gros village de Semonkong qu'on traverse pour arriver à notre lodge où nous camperons ce soir. Une fois de plus, c'est pour nous une découverte incroyable de trouver un tel lodge dans un tel endroit. La gérante parle français. Elle nous présente les installations et les alentours. Comme c'est encore le milieu d'après-midi, on a le temps de se rendre à pied aux chutes de Maletsunyane. Allez hop, on s'équipe et nous voilà partis pour la ballade. On suit le sentier principal que tout le monde emprunte pour se rendre à l'autre village. Piétons, troupeaux et gens à cheval utilisent le même itinéraire. Il y a un va et vient important et nous nous fondons tant bien que mal dans ce petit monde qui reste très discret envers nous. On croise les bergers, qui ramènent les troupeaux, fièrement dressés sur les fameux poneys du Lesotho. Immanquablement emmitouflés dans leur grande et belle couverture aux couleurs et motifs si caractéristiques, parés le plus souvent de bottes planches, ils ont fière allure. On arrive enfin au village et fatalement, un trio de gamins décrète qu'ils nous accompagneront de près. Après le village, on a un peu plus de mal à s'y retrouver dans les indications que nous a données la gérante. Il faut encore grimper et traverser toute une colline. Comme il commence à se faire tard et qu'il faudra rebrousser chemin ensuite, Serge et Jacline abandonnent la partie et font demi-tour. La colline enfin franchie on descend à travers champs pour trouver les chutes. D'une hauteur de plus de 200 mètres, elles sont impressionnantes nichées au fond d'une magnifique gorge. Le site est superbe et mérite sans aucun doute les efforts fournis. On n'est pas les seuls à venir savourer ce spectacle. En plus de nos 3 jeunes acolytes, il y a quelques villageois, ça et là, qui viennent profiter de leur patrimoine naturel.

Sur le chemin des chutes d'eau on croise les villageois qui rentrent chez eux Les célèbres chutes de Maletsunyane
Sur le chemin des chutes d'eau on croise les villageois qui rentrent chez eux Les célèbres chutes de Maletsunyane

On contemple encore un peu ce joyau de la nature puis on entame le retour. La lumière rasante du soleil passé derrière les montagnes donne une touche presque surréaliste au plateau d'altitude que nous traversons de nouveau en sens inverse. Le chemin est tout aussi empruntés par les villageois qui rentrent chez eux, souvent accompagnés de quelques bêtes. Forcément, on ne passe pas inaperçu au milieu de tout ce monde. Une grand-mère m'interpelle, elle tient absolument à ce que je la prenne en photo. C'est avec grand plaisir que je m'exécute car en général, je n'ose pas trop prendre les gens en photos, j'ai toujours un peu l'impression de brusquer l'ébauche de rapport humain qu'on peut avoir ensemble, de forcer leur part d'intimité. Ca doit être mon côté pudique qui ressort ! Mais cette fois-ci, c'est carrément une séance de poses photos. La grand-mère, qui ne parle pas anglais, est très fière et très heureuse de poser devant l'objectif, à tel point qu'elle enjoint tous les passants à faire de même.  Tout le monde n'est pas aussi extravertie qu'elle, mais on trouve quand même une autre candidate. Cela ne dure que quelques minutes, mais ce genre de moments, reste pour moi magique. On vient de mondes tellement différents, on a des vies tellement éloignées et pourtant, l'espace d'un instant, on partage la même chose, quelque chose de commun. Pouvoir vivre de tels instants, au hasard de nos pérégrinations, c'est aussi ce qui nous pousse à voyager.

Cette grand-mère tient à poser devant notre objectif, avec sa couverture caractéristique Cette villageoise a une tenue absolument unique et pose fièrement pour nous
Cette grand-mère tient à poser devant notre objectif, avec sa couverture caractéristique Cette villageoise a une tenue absolument unique et pose fièrement pour nous
Chaque point de vue est magnifique En cette fin de journée, les troupeaux rentrent sagement au bercail
Chaque point de vue est magnifique En cette fin de journée, les troupeaux rentrent sagement au bercail

Il fait quasiment nuit quand on rentre au camping, où Serge et Jacline ont allumé un bon feu dans le petit brasero portable qui finalement est souvent sollicité. Après l'apéritif de rigueur, on dine au restaurant dans une ambiance chaleureuse et conviviale, à l'image de la belle journée qu'on vient de passer.

 

Lundi 13 Mai

On commence la journée comme on l'a terminé hier : autour d'un bon feu. La température du petit matin est terriblement fraiche, mais avec le ciel bien dégagé qu'on découvre, on devrait avoir droit a un beau soleil aujourd'hui. On fait connaissance avec nos voisins, des australiens qui voyagent eux aussi avec leur 4x4 et qui viennent juste de démarrer leur traversée du continent africain. Cela nous rappelle beaucoup de souvenirs à plusieurs titres. On leur raconte, très brièvement, notre aventure KapSud, quelques années auparavant, qui nous avait amené à traverser l'Afrique puis l'Australie avec notre 1er Totoy. Comme à chacune de ces rencontres, on échange nos tuyaux et nos adresses mails au cas où. On va ensuite faire un tour à la boutique du lodge, remplie de plein de produits fabriqués par les communautés alentours. On est tout heureux de trouver les superbes couvertures, dont tout habitant du Lesotho semble être pourvu, en particulier les bergers. Pour nous, elles sont pour toujours associées au souvenir du Lesotho. En plus d'être belles, les couleurs et motifs correspondent à des codes bien précis, elles sont particulièrement chaudes et même imperméables pour celles qui contiennent une majorité de mohair. Chargés de notre précieux butin, on discute avec plaisir avec la manager qui parle français car elle a grandi à l'île Maurice. Elle nous raconte comment elle a atterri au Lesotho dont elle est tombée amoureuse. Elle nous confirme que la piste que je pensais prendre pour rejoindre Qacha existe bel et bien et nous donne d'autres indications pour la suite. On se sent si bien ici, qu'on a du mal à partir. Finalement, il est 10H passés quand on décolle enfin.

La piste, qui trace vers le sud, est plus ou moins en travaux, mais plutôt bonne. Elle est en tous cas, terriblement belle. A plusieurs reprises, on domine toutes les montagnes environnantes avec des panoramas à couper le souffle. Parfois même, on se croirait sur le toit du monde ! De rares hameaux sont implantés dans ces immenses montagnes. Quasiment tout est construit avec des matériaux naturels, du coup ils se fondent particulièrement bien dans le décor. Les seules traces visibles de l'activité humaine sont l'élevage et la culture en terrasse, qui sculptent en douceur les paysages, ajoutant s'il était possible, une esthétique graphique supplémentaire à ces chaines de montagnes. Au bout de quelques heures, la piste rejoint la grande rivière Senqu, dénommée Orange de l'autre côté de la frontière. Les montagnes sont moins imposantes depuis que la rivière a fait son apparition. On la suit un petit moment et on profite d'un détour près d'un de ses méandres, dans un cadre bucolique, pour faire une pause pique-nique. On se retrouve en compagnie de 3 gamins, en pleine partie de pêche, avec les moyens du bord. Petit à petit, on s'apprivoise et au final on partage avec eux du pain et du fromage ainsi que des biscuits qui font office de dessert.

Le camping du lodge de Semonkong est très champêtre On a vraiment l'impression d'être sur le toit du monde
Le camping du lodge de Semonkong est très champêtre On a vraiment l'impression d'être sur le toit du monde
Les chevaux sont le principal moyen de transport dans les montagnes A chaque virage, un panorama grandiose nous attend
Les chevaux sont le principal moyen de transport dans les montagnes A chaque virage, un panorama grandiose nous attend

Juste après, on retrouve une route goudronnée qui va à Qacha. Elle suit la rivière avec des paysages différents mais toujours très beaux. C'est très sec et il n'y a pas trop de monde. Quand la route quitte la rivière, on fait demi-tour pour prendre la direction de Quthing pour longer la Senqu au maximum et profiter de ses beaux panoramas. Puis la route quitte de nouveau la rivière pour repartir dans les montagnes. En cette fin d'après-midi, la circulation est pénible car la route est farcie de nids de poule et qu'il y a du monde partout. Comme on va plein ouest, on est aveuglés par le soleil qui est bien descendu pour se coucher. Pendant un bon moment c'est vraiment difficile de rouler. En plus, on tombe sur la sortie des écoles, il y a des gamins absolument partout sur le bord de la route. Bien sûr, ils nous repèrent de loin et sont complètement excités à notre passage en nous faisant de grands bonjours avec un sourire jusqu'aux oreilles. On doit tous les saluer et surtout en oublier aucun. Encore une fois, on pourrait se prendre pour la reine d'Angleterre !

Suivre les rives de la Senqu est un vrai enchantement Les bergers traversent la rivière Senqu en barque
Suivre les rives de la Senqu est un vrai enchantement Les bergers traversent la rivière Senqu en barque
Les paysages du Lesotho ne cessent de nous surprendre Totoy, sur un superbe plateau du Lesotho
Les paysages du Lesotho ne cessent de nous surprendre Totoy, sur un superbe plateau du Lesotho

Après avoir traversé comme un plateau montagneux, on débouche sur un nouveau paysage à couper le souffle. La route descend un col pour retrouver la rivière Senqu dans un panorama somptueux digne des plus grands westerns américains. Nous sommes au Mont Moorosi où on devrait trouver un camping pour passer la nuit. Mais au Lesotho, tout se mérite et on doit quitter la route pour une petite piste de montagne bien rocailleuse. Après avoir traversé un petit village, on s'enfonce dans la campagne, on se demande bien où on va pouvoir atterrir. On trouve les fameux chalets qui entourent ce qu'on pense être un camping. Les lieux ont presque l'air abandonnés et il y a personne. On ouvre la barrière et on s'installe en se disant que quelqu'un finira bien par venir. Effectivement, avant la fin de la soirée, on est rejoint par le gardien qui nous salue, nous décrit les installations et rentre chez lui, un peu plus haut. Encore une fois, on passe une belle soirée, bien serrés autour du feu.

Un magnifique coucher de soleil pour finir la journée en beauté Forcément, à une telle altitude, les bivouacs sont rudes mais on se console facilement
Un magnifique coucher de soleil pour finir la journée en beauté Forcément, à une telle altitude, les bivouacs sont rudes mais on se console facilement avec un bon feu

 

Mardi 14 Mai

La nuit a été très calme, et c'est dans la même quiétude que nous prenons notre petit-déjeuner avec cet amphithéatre de montagnes comme décor. Avant de quitter le camping, on discute un peu avec son gardien-manager qui nous explique que c'est maintenant difficile d'entretenir au mieux les chalets et leurs installations. En effet, au départ le camping a été établi sur la piste principale qui passait ici. Mais depuis que la nouvelle route est apparue, de l'autre côté des montagnes, il y a beaucoup moins de passages et donc moins de fréquentation. C'est bien dommage car c'est un camping communautaire qui profite au final à tous les villageois qui se donnent bien du mal pour nous accueillir dans les meilleures conditions. On lui promet de faire de la pub pour ce bel endroit et on reprend cette fameuse piste pour rejoindre la route fatale. On redécouvre sous la lumière dorée du matin ce décor de western qui se déroule le long de la rivière Senqu. La route suit de plus ou moins près la rivière et les paysages nous montrent de nouvelles facettes des montagnes toujours aussi belles. Alors que nous nous apprêtons à quitter ce petit pays, c'est avec beaucoup d'émotions que nous laissons le Lesotho et ses habitants derrière nous. Cette découverte d'à peine quelques jours de cet incroyable royaume a été très riche en émotions et en surprises. En grimpant la Sani Pass, on n'aurait jamais imaginé ces paysages de montagnes aussi démentiels nichés au cœur de l'Afrique australe. Du début jusqu'à la fin, le Lesotho n'a cessé de nous étonner : qui pourrait croire qu'on a failli être bloqué par une tempête de neige en Afrique ? Quand je pense qu'on a été à 2 doigts de renoncer à venir ici, on serait passés à côtés de grands moments ! En approchant de la frontière, on se rapproche de la civilisation. Les montagnes sont moins présentes dans le relief, alors que les bords de route sont de plus en plus peuplés. Arrivés au poste frontière, comme un dernier adieu, un troupeau de chèvres mohair nous fait un dernier clin d'oeil en passant devant nous. Les formalités sont expédiés en quelques minutes même si côté sud-africain on tente de nous soudoyer quelques cadeaux.

Par moment, on se croirait presque dans des paysages de western Encore un point de vue à couper le souffle
Par moment, on se croirait presque dans des paysages de western Encore un point de vue à couper le souffle
Les chèvres Mohair sont une des principales richesses du pays en tout cas au niveau des troupeaux
Les chèvres Mohair sont une des principales richesses du pays en tout cas au niveau des troupeaux

Le contraste entre le Lesotho et l'Afrique du Sud est total, tant au niveau des paysages, du relief que de l'environnement et du mode de vie. Après quelques jours dans un monde rural et rustique, ça fait bizarre de retrouver le monde moderne et toute son agitation. Heureusement, l'Afrique du Sud, bien que développé, laisse encore beaucoup de place à la nature, domestiquée par l'homme ou à l'état brut. On se retrouve donc à rouler kilomètres après kilomètres sur une ligne droite infinie qui traverse des étendues arides avec de temps en temps quelques fermes et quelques bêtes et en tout cas, toujours des clôtures. Les paysages s'avèrent très vites assez monotones et pourtant il n'y a pas de lassitude. C'est un peu comme quand on est en mer, c'est tout le temps la même chose et à la fois rien n'est vraiment pareil. Quel changement avec le Lesotho !

De temps en temps, on traverse des bourgades et même des villes comme Aliwal North. C'est la grosse ville du coin qui est traversée par la rivière Orange, qu'on longeait il y a quelques jours sous l'appellation Senqu. Justement, on dégote un restaurant au bord de la rivière, en surplomb. On profite de sa terrasse pour s'offrir une halte déjeuner au soleil.

Après cette pause, on reprend la route pour notre destination qui s'avère plus lointaine qu'on pensait. On traverse d'immenses fermes entièrement dédiées à l'élevage extensif du bétail. Des kilomètres parcourus sans âme qui vive et puis tout à coup, une éolienne apparaît, révélant les habitations où vivent les fermiers et généralement à l'écart, les employés de la ferme. Comment fait-on pour grandir et vivre au milieu de ce néant ? Et comment y échapper ? Ce sont les 2 questions qui viennent inévitablement à l'esprit quand on traverse cet incroyable région désertique du Karoo. Après ces kilomètres quasiment déserts, on arrive tout à coup sur une petite ville, à la croisée de toutes les routes du coin. Son petit township un peu avant, et le centre ville bien propret juste après et puis plus rien, de nouveau le long ruban de bitume qui se déroule devant nous. Le goudron laisse très vite la place a une piste bien roulante qui traverse encore de nombreuses fermes dans une région avec un peu plus de relief, ce qui anime un peu le décor, le rend un peu plus vivant.

L'élevage de moutons côté Afrique du Sud est bien plus moderne Paysage typique du Karoo
L'élevage de moutons côté Afrique du Sud est bien plus moderne Paysage typique du Karoo
Eolienne servant à pomper l'eau des forages pour les bêtes Tout à coup, la piste déboule sur une petite ville au coeur de nulle part
Eolienne servant à pomper l'eau des forages pour les bêtes Tout à coup, la piste déboule sur une petite ville au coeur de nulle part

On arrive en fin d'après-midi à Cradock la grande ville où on effectue les ravitaillements nécessaires. La ville est un carrefour commercial important et on voit bien que l'activité principale dans la région est l'agriculture et l'élevage. Il y a aussi de beaux bâtiments d'époque qui montrent que Cradock a connu une belle période de prospérité. Mais on ne s'attarde pas car on a encore une bonne vingtaine de kilomètres à faire avant de pouvoir entrer au Mountain Zebra NP où on compte passer la nuit. On arrive à la tombée de la nuit à la barrière d'entrée où on nous enregistre. On emprunte ensuite la piste qui nous mène directement à un grand camp avec bungallows, restaurant, centre de conférences et camping. Il n'y a pas à dire, les Sud-africains excellent dans l'art de vivre la nature dans le confort absolu. A notre grand étonnement, il y a pas mal de monde et on a presque du mal à trouver une place pour nos 2 voitures. C'est donc dans la nuit noire que nous nous installons mais ici, il y a l'électricité et l'éclairage qui nous facilitent bien la tâche. On a même une grande cuisine où on peut préparer un repas express au chaud.

 

Mercredi 15 Mai

Comme son nom l'indique, le Mountain Zebra National Park est consacré à son animal emblématique qu'est le zèbre de montagnes, ce qui permet également de préserver son environnement naturel et l'éco-système lié. Le zèbre des montagnes du Cap a bien failli disparaître au début du siècle dernier. Heureusement il a été sauvé in-extremis et aujourd'hui, sa population augmente grâce à sa réintroduction dans des réserves créées dans ce but. Ce zèbre, a une apparence bien particulière, qui le distingue facilement de ces cousins des plaines plus communs. Il est densément zébré, même les pattes et jusqu'au ventre et surtout, il possède une sorte de renflement sous le cou, ce qui enlève un peu d'élégance à sa silhouette. Bien sûr, le parc abrite également d'autres espèces d'animaux, comme le gnou noir, le springbok, symbole du pays, et même le très menacé rhinocéros noir. Alors c'est très motivés qu'on part à la découverte du parc. On commence par la partie sud, la plus montagneuse. Les reliefs sont assez accidentés et le réseau de pistes du parc permet de faire pas mal de boucles pour pouvoir visiter plusieurs zones différentes. Au début, on ne voit pas d'animaux mais les paysages de toute façon se suffisent à eux seuls. Puis on grimpe sur une sorte de plateau recouvert d'une savane herbeuse. Aussitôt on rencontre plusieurs sortes d'herbivores comme les springboks, les gnous noirs, très différents des gnous qu'on a l'habitude de voir et les bonteboks, de grosses antilopes au chanfrein clair, ce qui leur donne une allure plutôt distinguée. Enfin, on découvre plusieurs zèbres des montagnes. C'est vrai qu'ils ne sont pas rayés comme les zèbres qu'on a l'habitude de voir. Mais la méthode infaillible pour les reconnaître, c'est l'espèce de bourrelet sous leur cou. Certains sont si foncés qu'on dirait qu'ils sont noirs rayés de blancs alors qu'en général on a plutôt l'impression que les zèbres sont blancs rayés de noir, même si tout ça relève d'un débat éternel comme celui de l'oeuf et de la poule. Puis on enchaine vers une autre boucle qui nous enfonce un peu plus dans les montagnes de plus en plus hautes, qui surplombent une jolie vallée où coule une rivière sinueuse. Pour grimper, la piste est parfois très raide, mais ici pas de problème, car la piste est cimentée ce qui permet une progression sans difficulté : décidément, les Sud-africains pensent à tout !

Point de vue du Mountain Zebra NP Un bontebok nous fait face
Point de vue du Mountain Zebra NP Un bontebok nous fait face
Gnous noirs ou gnous à queue blanche qu'on trouve en Afrique du Sud Les zèbres des montagnes ont des rayures caractéristiques qui les distinguent de leurs cousins plus communs
Gnous noirs ou gnous à queue blanche qu'on trouve en Afrique du Sud Les zèbres des montagnes ont des rayures caractéristiques qui les distinguent de leurs cousins plus communs
Les paysages du parc Mountain Zebra sont très beaux et très variés En Afrique du Sud, même les pistes des parcs sont aménagées
Les paysages du parc Mountain Zebra sont très beaux et très variés En Afrique du Sud, même les pistes des parcs sont aménagées

Outre les très beaux panoramas, on peut aussi admirer des petites troupes de zèbres des montagnes, qui galopent à flanc de montagne dès qu'ils nous aperçoivent. A les voir évoluer aussi facilement dans un environnement aussi difficile, on comprend mieux pourquoi on les à nommés ainsi. On emprunte ensuite un circuit réservé aux 4x4, histoire de profiter jusqu'au bout. On y voit peu d'animaux mais de nouveaux paysages, un peu plus arides cette fois-ci. En redescendant de l'autre côté, au niveau des plaines par où on est arrivés la veille, on découvre même des autruches et une petite troupe d'écureuils de terre nous réservent un accueil des plus chaleureux et inattendus. Finalement, la visite de ce parc a été très agréable, tant au niveau des paysages que des nombreuses variétés d'animaux différentes qu'on a pu observer et qui sont bien représentatives de la faune du sud de l'Afrique. Un imprévu qui s'est révélé une agréable surprise. Mais il est temps de repartir vers d'autres horizons.

Parvenus au sommet, un superbe panorama nous attend Nos petits écureuils de sont pas du tout farouches
Parvenus au sommet, un superbe panorama nous attend Nos petits écureuils de sont pas du tout farouches

Nous devons être sur la côte ce soir, si possible, sur la Garden Road. Nous repartons sur Cradock, pour rejoindre ensuite la Nationale 10 qui descend jusqu'à Port Elizabeth. La route est longue et monotone comme à chaque fois qu'on traverse les paysages du Karoo mais jamais ennuyeuse. Au bout de quelques heures, on arrive à la grande ville de la région : Port Elizabeth. Après avoir traversé autant d'étendues sans personne, ça fait toujours bizarre de se retrouver dans ces métropoles urbaines à la densité humaine si concentrée. La ville en elle même n'a pas grand intérêt mais pour nous elle est un peu spéciale puisque c'est ici, que nous avons récupéré notre valeureux Totoy, après un parcours maritime quelque peu mouvementé, il y a deux ans et demi déjà. Depuis, grâce à lui, nous parcourons l'Afrique, à chaque fois que cela nous est possible.

Nous roulons maintenant sur la Nationale 2, une grande route qui parcourt une bonne partie de la côte. Depuis qu'on s'est approché de l'océan indien, les paysages sont bien plus verdoyants mais les fermes sont toujours d'actualités avec des cultures et de beaux troupeaux de vaches laitières. Par endroit on retrouve de nouveau des plantations immenses et finalement pas tant d'habitations que ça. En fin d'après-midi, on entre dans le périmètre du parc de Tsitsikamma, qu'on ne peut atteindre que par des routes qui finissent en cul de sac. La région étant devenue montagneuse, les nuages s'amoncellent sur les crêtes et on redoute d'abondantes averses pour la soirée. Mais on parvient enfin à notre entrée de Storm River Mouth South sans encombre et dans les temps.

Arrivés sur la côte, changement radical de climat et donc de paysages

Arrivés sur la côte, changement radical de climat et donc de paysages

On effectue les formalités d'enregistrement et on se dirige vers le camping avec vue imprenable sur l'océan. On a que l'embarras du choix pour notre emplacement, on est quasiment les seuls à dormir dehors. Dans quelques semaines, ce sera les vacances d'été et ce ne sera plus la même histoire, les installations seront prises d'assaut, réservées des mois à l'avance. Pour l'heure on en n'est pas là, et on peut profiter pleinement des lieux en passant une soirée venteuse en pleine nature.

 

jeudi 16 Mai

Ce matin, c'est réveil tranquille. Les lève-tôt, dont je ne fais pas partie, ont tout loisir pour explorer le fabuleux littoral du parc. Pour ma part, la tentative de grasse matinée se révèle aussi fructueuse que la nuit : qui a le sommeil léger ne devrait pas s'installer aussi près d'un océan aussi agité pour dormir. Le bruit des vagues est incroyablement prenant mais la consolation d'être aussi proche de la nature l'emporte largement. Un beau soleil nous réchauffe de la brise marine et le ciel bleu limpide nous gonfle le moral. On est d'attaque pour une des nombreuses ballades qui fait l'attrait de ce parc. On va au point de renseignement qui fait aussi bar, restaurant, club de plongée et boutique. On opte pour une promenade le long du rivage et depuis lequel on pourrait apercevoir des loutres. Le sentier grimpe et descend en suivant le relief de la côte. Après avoir traversé une petite plage, on plonge dans la forêt à la végétation particulièrement dense et luxuriante. Certaines plantes ou arbres sont repérées et leur rôle dans l'éco-système expliqué. De temps en temps, les trouées dans le feuillage laisse apercevoir le bleu lumineux du ciel et l'intensité du soleil. A couvert l'air est plus humide et des odeurs de sous-bois nous envahissent parfois. Les amateurs d'oiseaux peuvent tenter de reconnaître leurs animaux préférés à leur chant où quand ils ont plus de chance à leur silhouette. Puis on débouche de nouveau sur un sentier littoral. On longe les rochers qui en dessous de nous se font fracasser par les vagues d'un océan pourtant apparemment plutôt tranquille. Puis, un pont suspendu permet de surplomber l'embouchure de la rivière et la baie enchâssée dans les falaises rocheuses. On reste un bon moment au milieu du pont qui est le point idéal d'observation. D'un côté, on peut admirer la gorge qui abrite la rivière et de l'autre, l'océan et ses vagues tumultueuses qui se fracassent sur les rochers. A force de scruter l'océan, on débusque une bestiole qui apparaît de temps en temps, entre deux séries de vagues, au milieu des algues. Pendant un instant, on pense que c'est une loutre mais finalement, avec les jumelles, on découvre une otarie qui s'en donne à cœur joie. Ensuite, on passe de l'autre côté de l'embouchure mais le sentier, s'il existe encore, s'avère particulièrement escarpé alors on renonce et on fait demi-tour. Après cette promenade des plus vivifiantes, on s'offre un breakfast au bar en contemplant la superbe vue puis on reprend la route. On n'a pas d'objectifs précis pour aujourd'hui mais vu qu'on arrive bientôt à la fin de notre voyage, on doit quand même s'approcher de Capetown, notre destination finale.

Emplacement de rêve pour camper au Tsitsikamma NP Sympathique crique de Storm River Mouth
Emplacement de rêve pour camper au Tsitsikamma NP Sympathique crique de Storm River Mouth
Les sentiers aménagés surplombent l'océan et l'embouchure de la rivière L'embouchure de Storm River Mouth et le départ de randos en kayak
Les sentiers aménagés surplombent l'océan et l'embouchure de la rivière L'embouchure de Storm River Mouth et le départ de randos en kayak
Avec un peu de chance on peut apercevoir des loutres, des phoques et plein d'autres bestioles
Avec un peu de chance on peut apercevoir des loutres, des phoques et plein d'autres bestioles

On se retrouve donc de nouveau sur la nationale 2. Au bout de deux heures de route, on fait halte à Plettenberg Bay pour le déjeuner. Il fait un temps magnifique, le soleil est radieux et nous sommes assis à la terrasse d'un très bon restau qui domine une superbe plage, c'est vraiment royal. On s'offre même le plaisir de déguster les huitres locales, magnifiques et surtout succulentes avec leur petit goût de noisette. L'Afrique du Sud est vraiment un pays surprenant et même si le côté moderne et urbanisé n'est pas ce qu'on préfère le plus dans nos voyages, on apprécie quand même beaucoup ce genre d'endroit en particulier quand il est aussi beau.

La Garden Route est l'occasion de nombreuses haltes très agréables La plage somptueuse de Plettenberg Bay
La Garden Route est l'occasion de nombreuses haltes très agréables La plage somptueuse de Plettenberg Bay
Comme souvent, les surfeurs profitent au maximum des vagues Vue sur la superbe baie de Plettenberg
Comme souvent, les surfeurs profitent au maximum des vagues Vue sur la superbe baie de Plettenberg

On quiite la jolie station balnéaire pour rejoindre la nationale 2 et on roule le reste de l'après-midi jusqu'à Mossel Bay. La ville a un côté industrieux peu intéressant et un autre plus orienté tourisme, même si on n'y trouve pas de réel charme. On arrive pas trop tard mais malheureusement pour nous, il y a un vent très fort dans le camping qui est situé à 2 pas de la plage. Du coup, Serge et David montent la tente tunnel qui nous permet de passer la soirée à l'abri du vent et presque au chaud.

 

Vendredi 17 Mai

Ce matin, le ciel est un peu plus clément et on peut mieux apprécier le coin en faisant une petite promenade le long de la côte de cette péninsule appelée The Point. Bien qu'il soit encore relativement tôt, beaucoup de monde s'affaire déjà, en particuliers les surfeurs qui sont déjà à l'oeuvre. Certains dévalent à pied la petite montagne où est perché le phare du cap Saint Blaize et qui surplombe le camping où on a passé la nuit, pour arriver enfin jusqu'à la mer et s'adonner à leur activité favorite. D'autres sportifs sont également en pleine action comme ces nageurs qui mettent tellement de cœur à l'ouvrage qu'ils doivent surement s'entrainer pour un marathon des mers. Sans oublier bien sûr les joggeurs qui arpentent la promenade aménagée. Et puis, il y a aussi ceux, qui comme nous, se balladent simplement en contemplant les paysages marins. Avec les terrasses de café remplies des clients matinaux profitant du soleil, tout ceci donne à ce coin, une ambiance très agréable bien différente de celle un peu désolée qu'on a ressenti en arrivant la veille.

Pour repartir, on passe par le centre de la ville et bien sûr son fameux « postal tree » qui fait parti maintenant du musée consacré au navigateur Bartholomeu Dias qu'on n'a malheureusement pas le temps de visiter. En effet, dès les années 1500, cet arbre fit office de poste pour les expéditions maritimes : les bateaux qui allaient vers l'Est laissaient leur courrier au pied de l'arbre et les bateaux qui rentraient, s'arrêtaient ici et récupéraient le courrier pour le ramener en Europe. Cet arbre, devint ainsi la première poste d'Afrique. Depuis la tradition se perpétue par un tampon spécial quand on envoie un courrier depuis la poste du postal tree.

Après cette étape incontournable, nous reprenons la route Nationale 2. Au bout de presque 2 heures, nous quittons la nationale pour traverser l'Overberg, une région de culture et d'élevage bordant la côte et cernée par différentes chaines de montagnes. Les champs de blé et autres cultures s'enchainent sur un relief légèrement vallonné. Comme souvent, peu d'agglomérations présentes et on se demande toujours comment la vie s'organise au quotidien dans ces contrées rurales, en particulier pour les enfants et l'école. En approchant de la mer, le climat se fait un peu plus humide et les champs jaunis font place à de vertes prairies ou paisse un bétail gras et dodu. On arrive au très joli petit village de pêcheurs de Waenhuiskrans, appelé aussi Arniston, ouf ! Les plages de sable blanc bordant l'océan aux eaux cristallines, invitent à la baignade. Il y a aussi des rochers, des grottes et des cavités qui font le bonheur des enfants et ramasseurs de coquillage. Les bateaux multicolores des pêcheurs et les cottages blanchis à la chaux avec leur toit de chaume complètent le paysage de carte postale. Les maisons des pêcheurs sont toujours le cœur du village et se promener dans ces courtes ruelles nous donne instantanément la sensation de se plonger dans des temps plus anciens.

La route traverse la campagne de l'Overberg à l'agriculture extensive Une fois encore, les jolies plages de la Garden route nous invitent à la baignade
La route traverse la campagne de l'Overberg à l'agriculture extensive Une fois encore, les jolies plages de la Garden route nous invitent à la baignade
Halte vivifiante au village de pêcheurs de Waenhuiskrans Maisons de pêcheurs restées intactes au village de Waenhuiskrans
Halte vivifiante au village de pêcheurs de Waenhuiskrans Maisons de pêcheurs restées intactes au village de Waenhuiskrans

On retourne à la grande plage qui a la bonne idée d'accueillir un bel hôtel avec un excellent restaurant avec une terrasse abritée du vent qui balaye la côte. Halte idéale à laquelle on peut difficilement résister pour profiter encore un peu de ce cadre magnifique.

Après ce bon moment passé à Arniston, on reprend la route, ou plutôt les pistes qui traversent les nombreuses fermes du coin. Avec ses cottages proprets de style hollandais, ses prairies à l'herbe bien grasse et les nombreuses vaches toutes occupées à se remplir la panse, on a du mal parfois à se croire en Afrique.

Scène typique de la campagne de l'Overberg On a beau en voir souvent, les maisons de style hollandais nous surprennent à chaque fois
Scène typique de la campagne de l'Overberg On a beau en voir souvent, les maisons de style hollandais nous surprennent à chaque fois

On arrive ainsi à Struisbaai, un long village balnéaire qui précède le Cap Agulhas. Moins connu que son voisin le cap de Bonne Espérance, Cap Agulhas est pourtant le point le plus au Sud du continent africain et représente aussi le point de partage entre l'océan Atlantique à l'ouest et l'océan Indien à l'Est. Alors pour nous, bien sûr, c'est une destination mythique et on ne se fait pas prier pour immortaliser cet instant si particulier avec notre fidèle Totoy qui nous a permis d'arriver sans encombre jusqu'ici. Que de chemin parcouru !

Le phare du cap nous attire aussi irrésistiblement mais malheureusement il est fermé pour restauration. Quel dommage, tant pis, ça nous donnera un prétexte pour revenir. On continue notre exploration de la région en reprenant une piste qui s'enfonce de nouveau dans les terres. On traverse de nouveaux paysages de nature préservée. Des sortes de lagunes perdues au milieu de zones humides qui nous donnent l'occasion de croiser des autruches aussi bien que des flamands roses.

Nous voilà au Cap Agulhas, le point le plus austral du continent africain Une photo n'est pas de trop pour immortaliser notre passage au Cap Agulhas
Nous voilà au Cap Agulhas, le point le plus austral du continent africain Une photo n'est pas de trop pour immortaliser notre passage au Cap Agulhas
Une jolie colonie de flamants roses a élu domicile dans les lacs et marais de la région Des flamants roses nous font une petite surprise
Une jolie colonie de flamants roses a élu domicile dans les lacs et marais de la région Des flamants roses nous font une petite surprise

En arrivant à Elim, un charmant village de campagne, on s'arrête pour faire une pause et visiter un ancien moulin restauré. Mais il est pile 17 heures et ils viennent juste de fermer : décidément c'est pas notre jour pour les visites. Alors on reprend la route pour rejoindre la côte. L'agriculture reprend la main sur les paysages avec cette fois ci quelques variantes : des vignobles et des champs de prothées, les superbes fleurs emblématiques de l'Afrique du Sud. On retrouve assez rapidement la côte au niveau de Gansbaai, une immense baie qu'on longe en espérant voir des baleines même si ce n'est pas encore la saison. Comme on doit être au Cap dans la matinée, on continue encore un peu pour se rapprocher au maximum. On pense trouver un camping à Hermanus, mais la petite ville, bien que très touristique, abrite surtout des hôtels et des résidences secondaires, alors on continue encore alors que la nuit tombe. On trouve enfin un camping à Onrus. Malgré l'heure tardive, il y a quelqu'un pour nous ouvrir la barrière et nous laisser rentrer. C'est un camping municipal et il ne paie pas trop de mine avec les quelques habitants à l'année qui occupent des emplacements remplis de bric à brac. Mais il est grand et à la saison il doit surement avoir une tout autre allure. De toute façon, on n'a pas vraiment le choix et puis il y a des sanitaires qui fonctionnent avec l'eau chaude, que demander de plus.

 

Samedi 18 Mai

La nuit a été assez agitée, c'est fou le nombre de voitures pétaradantes qui peuvent circuler la nuit quand il n'y a aucun autre bruit ! On se prépare assez rapidement car on doit impérativement être au Cap avant la fin de la matinée. On a rendez-vous chez AluCab, un aménageur de 4x4 et constructeurs de cellules, pour voir comment ils peuvent réparer le toit du Toy de Serge et Jacline qui avait été arraché lors du transport de la voiture au Kenya quand ils nous avaient rejoint en 2012. On est en contact par mail depuis un bon moment déjà mais sur place, ils vont pouvoir concrétiser la solution envisagée. Bien sûr, David a aussi quelques idées d'améliorations dans le tête pour notre Totoy et on va voir nous aussi comment on peut faire. Pour l'instant, nous sommes encore sur la route. Il y a une dernière chaine de montagnes à franchir avant d'arriver à Capetown. La grimpette est sérieuse et les nombreux camions souffrent pour avancer. En haut du col, la vue sur la métropole et sa célèbre Table Mountain est époustouflante.

Au loin la célèbre Table Mountain nous attend

Au loin la célèbre Table Mountain nous attend

Le trafic est intense mais comme on est samedi matin, ça reste encore raisonnable. On surveille attentivement notre GPS qu'on est bien content d'avoir sous la main pour nous guider dans le labyrinthe de la banlieue. Puis, dans une petite rue, Virginie, c'est comme ça qu'on a baptisé notre GPS, nous déclare tout de go avec sa voix charmante « Vous êtes arrivés à destination » sauf que il n'y a pas de garage à l'horizon. Nous voilà bien embêtés quand un automobiliste dont on a du attirer l'attention avec nos 2 4x4 immatriculés en france, nous interpelle :

« Bonjour, vous avez un problème ?»

« Oui, on cherche AluCab, vous connaissez ?»

« Oui, ils ont déménagé. Suivez-moi je vais vous y amener mais je dois d'abord faire demi-tour »

« Oh Super, merci beaucoup ! »

Nous voilà sauvés. Une fois de plus, nous avons l'occasion d'apprécier l'hospitalité et la serviablilté des Sud-africains. Enfin nous arrivons chez AluCab, un grand atelier et un magasin entièrement cloturé avec barrière et gardien armé. Leslie nous accueille et nous fait visiter les lieux : impressionnant les réalisations qu'ils sont en train de faire sur toute sorte de véhicule. David et son père sont comme 2 gamins dans le repère du Père Noël et j'avoue que Jacline et moi, sommes à peine moins enthousiastes. On reste un bon moment, Leslie montrant à Serge et Jacline les différentes possibilités pour résoudre le problème du toit ouvrant avec couchage. Puis vient notre tour où David explique les réparations à faire et les améliorations qu'il voudrait faire. On négocie également la possibilité de laisser nos voitures jusqu'à notre retour en octobre prochain. En plus, comme on ne part que demain, on se met d'accord pour que le chef d'atelier vienne nous ouvrir demain pour y laisser notre voiture alors que Serge et Jacline, ayant quelques jours supplémentaires, ne reviendront que le jeudi. Vraiment super.

On repart vers la côte, pour trouver un camping où s'installer pour pouvoir ranger la voiture, laver les affaires et faire le grand ménage du Totoy. Mais ce qui semblait n'être qu'une formalité, devient très vite une prise de tête. Le camping où on pensait allé est fermé pour travaux, alors on doit en chercher un autre. Comme il fait très beau et que la côte est magnifique, on persiste dans cette direction. Mais cette partie de la côte est une réserve protégée et les seuls campings qu'il y a sont des campings avec permis et réservations qu'on doit se procurer aux municipalités qui sont fermées vu que c'est samedi après-midi. C'est d'autant plus rageant que les panoramas sont fabuleux. On se voit dans l'obligation de rebrousser chemin.

Tout la côte est préservée par une réserve naturelle En cette journée ensoleillée les paysages côtiers fantastiques clôturent notre voyage en beauté
Tout la côte est préservée par une réserve naturelle En cette journée ensoleillée les paysages côtiers fantastiques clôturent notre voyage en beauté

On fait une nouvelle tentative mais cette fois-ci on tombe sur un camping à l'ambiance plus que glauque : ce n'est ni plus ni moins qu'un bidonville pour blancs. On commence sérieusement à désespérer. On s'éloigne de plus en plus de notre champ initial de recherche. En essayant une autre adresse, on se perd et on se retrouve en quelques secondes au milieu d'un township. C'est impressionnant comment dans ce pays, en quelques mètres on passe de la richesse opulente et la plus flagrante des misères. Bien sûr, notre présence ne passe pas inaperçue et certains nous font des grands sourires avec les pouces levés pour nous souhaiter la bienvenue. Mais malgré tout on n'est pas très à l'aise cat c'est une sensation assez bizarre et on finit par faire demi-tour pour reprendre l'itinéraire exactement inverse pour échapper à ce dédale de rues. A force de tournicoter, on finit par trouver l'adresse mais il n'y a plus de camping. Cette fois-ci, on est dans une zone plus résidentielle de blancs, mais notre manège attire très vite l'attention. On explique notre problème à des habitants qui interrogent leurs voisins et ainsi de suite et on finit pas apprendre que le camping a déménagé tout au nord et on nous donne la nouvelle adresse. Il est temps car on commence à épuiser notre stock de possibilités. A ce rythme là, on est en train d'y passer l'après-midi. Nous voici donc partis plus au nord pour une bonne trentaine de kilomètres. On se retrouve entre la banlieue et la campagne, on prend une piste on traverse des champs et on arrive enfin à African Overlanders. Les jeunes propriétaires nous accueillent fort sympathiquement et en plus ils parlent français. Je les avais repéré car ils font aussi du stockage de véhicule. Ils nous expliquent qu'ils viennent juste de commencer l'installation des sites et tout est en chantier. En fait, il n'y a pas grand chose d'aménagé et le moins qu'on puisse dire c'est que leur site web est bien mieux fait que leur site de camping. En plus, c'est plutôt cher donc on ne se voit pas passer la quasi journée de demain au milieu de tout ce capharnaüm et cette poussière pour nettoyer et ranger nos voitures.

On a une dernière adresse en stock pas trop loin alors tant pis, on tente le coup alors que la nuit commence à tomber. On remonte la piste et à quelques kilomètres à peine on tourne pour notre dernier recours. Une barrière garde l'entrée, on rentre et on nous explique qu'il faut passer derrière l'entrepôt de matériaux de construction : ça promet. A notre grande surprise, on débouche sur des emplacements verdoyants disposés en terrasse avec une vue superbe sur le golf d'en face. Les sanitaires sont d'une propreté immaculée et il y a même des machines à laver. Il y a aussi un chapiteau aménagé où on peut se réunir autour du feu même si pour la sirée le chapiteau est réservé. Ce serait le camping idéal s'il n'y avait pas la ligne haute tension qui passe juste au-dessus avec son énorme pylône à quelques mètres et tellement près qu'on entend les grésillement de l'électricité. Dommage car sinon c'est un camping génial avec des propriétaires très gentils et prévenants. Une fois les lieux repérés, on part en ville à quelques kilomètres pour faire les courses de notre dernier diner et on passe la soirée autour d'un bon barbecue et à regret notre dernière nuit en Afrique du Sud.

 

Dimanche 19 Mai

Voilà, c'est notre dernier jour de vacances. Comme à chaque fois, on consacre nos dernières heures au grand ménage d'avant départ. On sort toutes les affaires, on nettoie notre Totoy au maximum avec mention spéciale pour le frigo. On lave un maximum d'affaires qu'on fait sécher et qu'on laisse ensuite sur place pour alléger les bagages. Un inventaire final de ce qu'on laisse et de ce qu'on ramène, des médicaments périmés à prévoir pour la prochaine fois et une dernière liste de ce qu'on doit apporter pour notre prochain voyage et nous voilà fin prêts pour le retour.

Comme Serge et Jacline restent quelques jours de plus, ils nous accompagneront jusqu'à l'aéroport mais pour l'instant, on doit d'abord aller chez AluCab pour y laisser notre Totoy. Comme on a pris le nouveau point GPS, cette fois-ci on est confiant. Mais au dernier moment, le GPS lui même a du mal à s'y retrouver et nous embarque dans un quartier qui au fur et à mesure qu'on s'y enfonce se transforme en quartier de township. Plus on avance, plus les bâtiments se dégradent et quand on voit un véhicule blindé planté au milieu du terrain vague cerné par tous les édifices décrépis on se dit qu'il est temps de faire demi-tour et de revenir au croisement où apparemment on a pris la mauvaise direction. A vol d'oiseau, on n'est à moins de 800 mètres de l'atelier et pourtant dans un autre monde radicalement différent. Arrivés enfin sur place, on signale notre présence au gardien qui, comme on le savait, ne peut pas nous laisser rentrer mais on préfère quand même le prévenir pour pas qu'il fasse de fausses alertes, dans des contextes aussi tendus on ne sait jamais … Karim arrive au bout de quelques minutes et on fait nos adieux à Totoy, qui a droit à un repos bien mérité ces prochains mois avec en prime une petite cure de jouvence. Très gentiment encore, Karim nous indique un raccourci pour aller à l'aéroport et nous guide pendant un bon moment jusqu'à ce qu'on retrouve la nationale. L'aéroport du Cap n'est pas aussi plaisant que celui de Johannesbourg mais il est quand même sympa et il ne nous reste que quelques heures à attendre. Les vols de retour se passent sans histoire et on retrouve avec plaisir notre maison en rêvant déjà à notre prochain voyage qu'on attend avec impatience : Namibie / Botswana mais pour cela, il faudra attendre encore quelques mois ….

 

Afrique du Sud-Lesotho 3ème partie : du Lesotho à Capetown

Ca peut toujours servir :

  • Visas Afrique du Sud : gratuit, à la frontière.
  • Visas Lesotho : gratuit, à la frontière.
  • Taxe utilisation route Lesotho : 60 ZAR
  • 1 Euro = 11 ZAR =  11 Rands Sud-africain
  • 10 ZAR (rands) = 0,91 Euro
  • Litre Gas-oil : de 11,99 à 13,31 ZAR
  • Guide utilisé : The Lonely Planet : Excellent guide en langue anglaise, existe aussi en version française. J'ai retesté pour comparer avec les Bradt qui sont très bons sur toute la partie Afrique Orientale avec en plus un blog pour les infos mises à jour.
  • Cartographie : Tracks for Africa (T4A), un excellent outil recensant points d'intérets, hébergement, commerces, ... en plus des pistes et routes. Mais des erreurs subsistent donc toujours être vigilants et avoir une carte papier aussi !
  • Repas standard pour 2 (1 plat avec avec 1 boisson par personne) = de 200 à 300 ZAR pour établissement style sanck / resto, de 400 à 500 ZAR pour les restos au standing plus élevé ou dans des zones plus touristiques.
  • La carte Pass pour les parcs : Wildcard Couple International = 2330 ZAR, pour droits d'entrée dans tous les parcs nationaux dont le Kruger NP, et beaucoup de réserves régionales, valable un an. 
    Bien sûr, cela ne prend pas en compte l'hébergement camping, bungallow, ...
  • Hébergement : S'il y a un pays où on peut camper dans les meilleures conditions et au meilleur rapport qualité / prix, c'est bien l'Afrique du Sud. Souvent les campings font partie d'un lodge ou d'un complexe plus touristique comprenant chalets à louer, bar, restaurants et activités. Le niveau de service et de confort est souvent supérieur (baignoires, laundry, ...) pour que les vacanciers y passent un maximum de temps. Du coup, ils sont parfois moins intimistes, mais on ne peut pas tout avoir !
    Le Lesotho étant un pays moins développé, les infrastructures y compris celles pour les touristes sont en général plus basiques et plus rustiques mais il existe quand même de très bonnes adresses à dénicher.
    • Moroosi chalets - Mont Moroosi - Lesotho : (1 nuit / 2 personnes + la voiture) = 140 ZAR
      Très basique mais très bien situé. Bon accueil 
    • Mountain Zebra NP - Cradock : : (1 nuit / 2 personnes + la voiture) = 191,60 ZAR
      Typique des camping et installations qu'on peut trouver dans les parcs Sud-Africains. Beaucoup de services à disposition et sanitaire toujours confortables et impeccables pour un prix peu élevé. Avec des conditions aussi attractives, il peut y avoir pas mal de monde.
      Restaurant, bar, boutique, centre d'information et même station essence. 
    • Storms River Mouth - Tsitsikama NP : (1 nuit / 2 personnes + la voiture) = 220 ZAR
      Emplacements directement sur l'océan, prévoir du vent et des vagues. ENcore une fois, typique des camping et installations qu'on peut trouver dans les parcs Sud-Africains. Restaurant, bar, boutique, centre de plongée. Doit être bondé pendant les vacances !
    • Mossel Bay Point Caravan Park - Mossel Bay :  (1 nuit / 2 personnes + la voiture) = 120 ZAR
      Bien placé mais impersonnel et un peu usine
    • Onrus Caravan Park - Onrus : (1 nuit / 2 personnes + la voiture) = 55 ZAR
      Bien placé près de l'océan mais plutôt basique. Emplacements disséminés dans la verdure. Probablement bondé pendant les vacances.
    • Van Zyl Rus Caravan Park - Capetown : (1 nuit / 2 personnes + la voiture) = 120 ZAR
      Situé à 16km de l'aéroport, pas loin de Stellenboch. Excellente adresse pour rester avant de prendre son vol de retour. Installations nickel, accueil très prévenant, vue sur le golf mais ligne haute tension juste au dessus !

 

Revenir