Kenya 2ème partie : Une nouvelle aventure commence, mais pas de celle qu'on avait envisagée en partant en voyage

Kenya 2ème partie : Une nouvelle aventure commence, mais pas de celle qu'on avait envisagée en partant en voyage

Kenya 2ème partie : de Samburu à .... Nairobi, nous n'arriverons pas jusqu'au lac Turkana

Du 25 mai au 4 juin 2011

Samburu NP -> Isiolo -> Laisamis -> Nairobi

Nous avons frôlé la catastrophe de très près, mauvais endroit au mauvais moment. C'est exceptionnel mais ça arrive, le genre d'aventure que tout voyageur espère éviter, mais voilà à nous, ça nous est arrivé.

Mais la chance, c'est toujours elle qui fait la différence. Notre bonne étoile des voyageurs veille sur nous et au final, on s'en sort bien mais jusqu'au dernier moment on ne sait pas à quoi s'attendre. Une nouvelle aventure commence, mais pas de celle qu'on avait envisagée en partant en voyage

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Mercredi 25 Mai

Lever tranquille mais petit déjeuner plus agité car les  babouins sont à l’affût et malgré toute notre vigilance ils finissent par nous voler 2 boites de petit-déjeuner. David court à leur poursuite mais en vain : babouins 2, nous 0 !

On part en ballade dans le parc, qui ne s’avère pas très riche en animaux, on ne doit pas être au bon endroit. On aperçoit quelques dik-dik de toutes petites antilopes ainsi que de temps en temps un gerenuk, une jolie gazelle au long cou gracile, qu’on surnomme d’ailleurs la gazelle-giraffe.

Un beau mâle gerenuk ou gazelle de Waller Les éleveurs aux aussi profitent de la rivière pour faire boire leurs troupeaux
Un beau mâle gerenuk ou gazelle de Waller

Les éleveurs aux aussi profitent de la rivière
pour faire boire leurs troupeaux

La réserve de Samburu offre également de beaux paysages

Un charmant dik-dik et son petit

La réserve de Samburu offre également de beaux paysages

Un charmant dik-dik et son petit

Heureusement, en fin de matinée, sur le bord de la rivière, on tombe sur une scène idyllique avec éléphants, girafes, waterbuks ( cobes à croissants) et impalas de chaque côté de la rivière. Puis on assiste, en plusieurs étapes, à la traversée de la rivière par les éléphants et les girafes. Le spectacle est de toute beauté. On reste pour pique-niquer et en profiter au maximum. Un autre troupeau d’éléphants arrivant sur notre gauche, passe à quelques mètres de la voiture, nous prêtant heureusement fort peu d’attention et rejoins leurs collègues sur notre droite. On ne se lasse pas de ce genre de scènes on se croirait en plein eden.

Chacun veut profiter de l'herbe grasse qui tapisse les bords de la rivière Les scènes extraordinaires de vie sauvage sont sublimées par des paysages superbes
Chacun veut profiter de l'herbe grasse
qui tapisse les bords de la rivière

Les scènes extraordinaires de vie sauvage
sont sublimées par des paysages superbes

Nous assistons tranquillement au défilé des éléphants Une carte postale de la faune sauvage d'Afrique
Nous assistons tranquillement au défilé des éléphants Une carte postale de la faune sauvage d'Afrique
Tout le monde est décidé pour aller de l'autre côté Eux aussi semblent croire que l'herbe est plus verte ailleurs !
Tout le monde est décidé pour aller de l'autre côté Eux aussi semblent croire que l'herbe
est plus verte ailleurs !
Les palmiers géants servent à la fois d'abri et de garde-manger pour les éléphants Il faut parfois utiliser les grands moyens pour se nourrir
Les palmiers géants servent à la fois d'abri
et de garde-manger pour les éléphants
Il faut parfois utiliser les grands moyens pour se nourrir

Mais il nous faut partir car on a de la route à faire. Il est presque 2 heures quand on sort du parc pour monter au Nord, jusqu’à Marsabit. La route est nickel, un beau goudron récent, ce qui m’étonne car je pensais que la montée au nord était une plutôt une piste éprouvante. On traverse de grandes et belles étendues arides, couvertes d’acacias. A un moment on surprend de jolies autruches, de variété somaliennes.

Les habitations sont vraiment basiques ce qui est classique pour des peuples souvent nomades Les habitants des lieux sont souvent en tenue traditionelle
Les habitations sont vraiment basiques
ce qui est classique pour des peuples souvent nomades

Les habitants des lieux sont souvent
en tenue traditionelle

Juste après la traversée du hameau Merille, le goudron s’arrète, c’était trop beau pour être vrai. La route, en construction par des chinois, laisse sa place à une horrible piste de tôle ondulée mais en gravillons, ce qui double le handicap. David essaie tous les styles de conduite mais rouler vite, comme on le fait en général sur les pistes de tôle ondulée de latérite, s’avère impossible car bien trop instable. On ne peut rouler que lentement, grand maxi 30km/h, en espérant que la situation va s’améliorer. Ca commence à m’inquiéter car il est 3 heures passées et on est encore à plus de 100 kilomètres de Marsabit qu’on doit absolument rejoindre avant la nuit, la région n’étant pas suffisamment sûre pour bivouaquer seul dans la nature ou rouler de nuit.

Quelques km après nous avons rendez-vous avec notre destin mais nous ne le savons pas encore

Il était environ 15H30, quand nous voyons un jeune homme sur la gauche de la route, armé d'un fusil, qui nous fait signe de nous arrêter. Ce n'est pas la première fois que des gens avec un fusil nous font signe de nous arrêter, mais là on sent bien que c'est particulier.  David pense qu'il faut s'arrêter, moi je pense qu'avec l'état de la piste on ne peut pas leur échapper donc je dis qu'il vaut mieux ralentir et s'arrêter. Je m'entends dire "J'y crois pas, on va se faire braquer". Nous ralentissons et nous arrêtons à sa hauteur en gardant le moteur allumé. Son regard est aussi menaçant que son fusil.

L'homme, jeune, très excité nous hurle dessus en nous menaçant de son arme. Nous sommes bien sûr terrorisés et vevons les mains en l'air. Nous ne comprenons pas exactement ce qu'il dit mais on se doute qu'il veut de l'argent et des biens de valeurs. Je répète tant bien que mal "Money, yes, yes". Mais il ne fait qu'agiter son arme sous nos yeux et nous parler par bribes incompréhensibles. Nous restons les mains en l'air mais, dès qu'on bouge pour essayer de donner quelque chose, il s'énerve, et si on ne bouge pas, il s'énerve encore plus, brandissant son arme à chaque occasion.

Très vite, on entend des coups très forts donnés sur la voiture : un autre jeune arrive par derrière, toujours du côté gauche, en tapant avec un «rungu», une arme traditionnelle, et une fois à ma hauteur, il me donne un coup violent en dessous de l'omoplate gauche. Ils sont maintenant 2 à nous hurler dessus.

Puis, ils tentent d'ouvrir la portière gauche mais heureusement, entre-temps David a verrouillé les portes. Les bandits sont surexcités et malgré nos différentes tentatives nous n'arrivons pas à calmer la situation. David fais signe qu'il va descendre de la voiture mais il déclenche chez nos agresseurs une colère encore plus forte. Soudain, face à nous, mais cette fois-ci sur la droite, nous voyons un autre homme armé, arriver en courant comme un dératé vers nous. Comme la situation ne fait qu'empirer, David décide qu'il faut vraiment partir de là.

Au moment où il écrase le champignon, les assaillants nous tirent dessus, de tous côtés,. Je hurle qu'ils nous tirent dessus, et quand je relève la tête, vision d'horreur, je vois que David est touché, il y a du sang partout.

- "Oh mon dieu, tu es touché !"

- "Je sais pas, je crois que ça va, ce con m'a explosé la mâchoire".

David peut à peine parler car sa mâchoire est brisée, il a du recevoir une balle. Il pense qu'il n'a pas été touché ailleurs. Je dis qu'il n'est pas en état de conduire, que je dois prendre le volant à sa place, mais il me dit que c'est impossible pour moi d'y arriver sur cette piste et que ça va aller car il faut vraiment qu'on arrive à s'enfuir. On est entré dans une autre dimension, le temps ! je suis incapable de dire si ce sont des secondes ou des minutes qui s'égrennent. La voiture part dans tous les sens car David essaie d'aller aussi vite que possible mais c'est tellement dangereux ! David est très concentré sur sa mission, moi je rassemble mes esprits, il faut appeler des secours, où sont les numéros d'urgence. Je retrouve ma pochette avec tous les numéros mais notre téléphone ne passe pas. Bien sûr cette fois-ci nous n'avons pas pris le téléphone satellite ! Puis je vois une antenne de téléphone en haut d'une colline, je dis à David qu'on doit y aller pour pouvoir appeler. Mais toujours en gardant son sang froid il me dit qu'une fois en haut on est coincé et qu'on est à la merci de nos assaillants s'ils nous poursuivent.

Puis nous croisons un 4x4 qui arrive dans l'autre sens, on distingue bien qu'il y a des hommes en uniforme. Mais David ne veut pas les arrêter car il a peur que cela soit des complices de nos bandits. La voiture est de plus en plus incontrôlable. Quelques kilomètres plus tard, nous sommes obligés de nous arrêter car le pneu arrière gauche est complètement détruit, à cause des tirs reçus. Bien que blessé, David doit changer le pneu pendant que je surveille les alentours au cas où les assaillants reviendraient même si nous avons éteint le moteur pour ne pas se faire repérer. Je me sens complètement impuissante, je ne suis d'aucune aide à David pour qu'il puisse changer le pneu, ça demande trop de force, c'est un sentiment assez horrible mais à ce moment là il n'ya pas de place pour ce genre de sentiments. David trouve la force de changer la roue, en un temps record.

Nous reprenons la route aussi vite que possible et quelques instants plus tard, nous croisons un camion, chargé de personnes et de marchandises, arrivant en sens inverse. Je convainc David de les interpeller. On leur fait signe pour les prévenir et pour savoir s’ils peuvent nous secourir. "Sorry, sorry" ,"So sorry" ils n'arrêtent pas de répéter. Ils nous indiquent qu’à quelques kilomètres, se trouve un village où il y a un hôpital et un poste de police.  Quelques instants après, nous arrivons à l’hôpital catholique de Laisamis, où David est pris en charge par le docteur Morris et la sœur Jessica pour les premiers soins d’urgence tandis que j'explique ce qu'il s'est passé. On a de la chance, ils sont un peu équipés, compresses, perfusions, ils essaient de stopper l'hémorragie et de stabiliser David. Très vite, la nouvelle se répand et plein de monde arrive dont M. Muchangi, le chef de la police. J'explique qu'il faut absolument que je contacte mon assistance mais mon téléphone ne passe pas. Tout le monde veut me prêter le sien. Malheureusemnt impossible de joindre l'assistance, par contre j'arrive à joindre l'ambassade de France pour les informer et leur demander s'ils ont des recommendations pour procéder dans ce genre de situation et quel hôpital peut s'occuper de nous. Toutes mes tentatives pour contacter l'assistance échouent, c'est extrêment stressant. Heureusement, l'ambassade rapelle et je leur transmets les coordonnées de l'assistance pour qu'ils les appellent à ma place et déclencle notre sinistre. Quelques minutes après, grâce à l'ambassade, je suis en communication avec l'assistance. Et là, malgré l'urgence de la situation, on ne peut échapper à la procédure de vérification et d'ouverture du dossier. Puis on me dit, qu'il faut qu'ils s'organisent pour le rapatriement et que je dois attendre leurs consignes. Plus facile à dire qu'à faire. La nuit va bientôt tomber, et tout le monde y va de sa proposition. De toute façon, David ne peut pas passer la nuit ici, si jamais son état s'aggrave ils ne pourront rien faire. Laisamis a un aérodrome mais on ne peut y atterrir que de jour. On me propose de contacter un lodge pas très loin qui peut avoir un petit avion. D'autres me disent qu'il faut aller à l'hôpital le plus proche, à Nanyuki. Mais il y a une seule route ici, il faut repasser par là où on s'est fait attaquer. Ils réfléchissent à monter une escorte armée, pendant que l'un d'entre eux conduirait notre voiture. Tout le monde veut nous aider mais je dois tout le temps dire non pour l'instant car je dois attendre les directives de l'assistance.

Un bon moment après, des locaux arrivent pour se faire soigner. Ce sont des techniciens d'Orange, eux aussi ont été attaqués par ces mêmes bandits qui les ont battus et dépouillés. Ils disent même qu'ils nous ont vu nous enfuir et nous faire tirer dessus mais c'était trop tard pour eux, ils n'ont pas pu faire demi-tour et ont été eux aussi agressés. C'est bizarre, mais ça nous a presque soulagés d'apprendre ça. En fait l'attaque n'était pas ciblée contre nous : on était juste au mauvais endroit, au mauvais moment.

Finalement au bout d'un temps interminable, l'organisation du rapatriement est enfin finalisée : ils nous envoient une ambulance depuis Nanyuki avec une escorte armée à partir d'Isiolo. Du coup, je peux m'occuper de la voiture : le chef de la police l'amène au poste et la garde jusqu'à ce que David soit tiré d'affaires. Après on verra pour la descendre jusqu'à Nairobi. Il nous faut attendre encore plusieurs heures. Heureusement, l'oedème a cessé de se propager et l'hémorragie a été contenue, il valait mieux car ils on déposé leur dernière compresse. On nous installe dans une salle où il y a des lits avec moustiquaires. L'infirmier qui a pris le relais prend bien garde à ce qu'on soit protégés des moustiques comme il faut. Sur le moment, la perspective d'attrapper le palu nous semble une préoccupation bien dérisoire même si l'infirmier a raison. La chaleur est suffocante mais David ne doit pas boire car dès qu'il bouge la bouche ça réactive son hémorragie. J'essaie de le rafraichir en lui passant un tissu humide sur la figure et sur les lèvres. Il nous faut attendre malgré tout. Finalement, tout le monde ou presque est rentré chez soi. On distingue bien dans la nuit les bruits de plus en plus tranquilles de la vie du village et de temps en temps les hurlements d'une hyène. L'ambulance arrive vers minuit. Quel soulagement quand j'aperçois la nurse qui vient nous chercher ! On rassemble nos affaires, faisons nos adieux aux dernières personnes présentes et nous installons dans l'ambulance qui est mieux équipée que ce que je craignais.

En terme d'escorte, nous avons 2 militaires armés qui ont pris place dans la cabine. Je suis pas sûre qu'en cas d'accrochage ça soit plus sûr, disons que cela doit peut-être avoir le mérite d'être dissuasif. Nous devons reprendre cette piste horrible dans la nuit, il n'y a pas d'autres routes, nous sommes obligés de repasser par où on est arrivé. On n'arrête pas de sauter, d'être transbahuté même si le chauffeur fait son possible pour limiter les secousses. David est bien sanglé sur son brancard, et par je ne sais quel miracle, ne souffre pas du tout de toutes ces secousses. Heureusement car sinon, cela serait un véritable calvaire. J'appréhende beaucoup, forcément, car de nuit c'est encore plus impressionnant et il me tarde de retrouver le goudron qui sera pour nous salvateur. Ce moment arrive enfin. A Isiolo, nous déposons les militaires à leur poste et continuons la route principale, avec son lot de bumps - les dos d'ânes- à chaque entrée de villages.

On arrive enfin au Nanyuki Cottage Hospital vers 4 heures du matin. A notre grand étonnement, il n'y a pas de docteur, que des nurses, elles changent les compresses et les perfusions puis nous disent de nous reposer. On devrait être rapatriés par avion à 7 heures.

Jeudi 26 Mai

Malgré tout, nous sommes arrivés à dormir, ou du moins fermés les yeux, près de 2 heures. Nous sommes prêts à partir pour 7 heures. Mais 7 heures arrivent et rien , puis 8 heures , rien non plus. Je demande à droite à gauche où est le docteur, à chaque fois on me dit qu'il va bientôt passer. A 9 heures, toujours rien : je commence sérieusement à m'agiter. Je bataille pour pouvoir voir le docteur ou pouvoir appeler l'assistance mais c’est difficile. Notre téléphone capte enfin mais il n’a plus de batterie et bien sûr nous n’avons que le chargeur pour la voiture. Par contre, on voit assez rapidement la responsable administrative qui nous demande notre Carte Bleue ! J'arrive à lui expliquer que c'est l'assistance qui se charge de tout.

J'appelle Chris au Jungle Junction pour le prévenir pour d'autres voyageurs éventuels. Pour l’instant, on a vu que des nurses et franchement, elles ne sont pas aussi efficaces que la Sœur de Laisamis. Heureusement, j’arrive à trouver quelqu’un qui prête sa voiture pour me brancher dessus avec le téléphone et appeler l’assistance. Je n’ai pas de numéro direct, à chaque fois je dois passer par le numéro général d’assistance, puis taper 1, taper 2, … le genre de choses qui vous met déjà à bout de nerfs en tant normal alors dans ces circonstances … En plus, avec la qualité des liaisons téléphoniques, la communication est souvent interrompue, je dois m’y reprendre plusieurs fois. Bref, j’arrive à avoir un correspondant au bout du fil grâce à notre numéro de dossier et tout ce que j’arrive à savoir, c’est qu’ils ne feront rien tant qu’ils n’auront pas eu l’avis du docteur et ses consignes et qu'il devrait passer incessamment sous peu et qu’ils m’appelleront dès qu’ils auront du nouveau.

Il est presque 10 heures, je perds patience. Heureusement David ne souffre pas, mais la situation n’est pas tenable pour autant. On nous demande d’aller passer des radios. Au vu des installations et du technicien, c’est plus pour nous montrer qu’on s’occupe de nous qu’autre chose.

Je repars à la voiture du gardien pour appeler, même discours et quand je reviens, David me dit que le docteur est passé et bien sûr juste quand je n’étais pas là ! Je me mets à la recherche du docteur, son bureau est à l’extérieur et quand j’arrive à son bureau, je tombe sur nos ambulanciers de la veille. Ils me demandent de suite des nouvelles de David et je les rassure un peu en disant que son état est stable. En fait, ils en savent plus que moi car ils sont en contact avec le relais local de l'assistance qui leur à demander de se tenir prêts à amener David à l’hopital de Nairobi, ils attendent les dernières directives pour savoir si ça se fera par air ou par route. Diana, l’ambulancière toujours aussi gentille, me propose d’aller voir ensemble le docteur. On rentre dans une immense salle d’attente et celle-ci est bondée, je me vois mal passer devant tout le monde. Et puis je réfléchis et je me dis que si ce qu’ils m’on dit c’est ce que le docteur leur a dit, ils ne me dira rien de plus. Dehors, un pick-up du KWS les a rejoints, ils sont au courant de ce qui nous est arrivés et sont venus prendre des nouvelles. Si je comprends bien ce qu’ils racontent, je réalise que c’est eux le véhicule kaki avec les gens en uniforme qu’on a croisé juste après l’attaque, ils descendaient de Marsabit.

Je repars annoncer la nouvelle de notre départ imminent à David. Quelques minutes après, on nous dit qu’on va nous emmener avec l'ambulance de l'hôpital à l’aéroport, finalement nous partirons en avion.

A 10H45, nous montons dans la fameuse ambulance : une fourgonnette style 4L avec un siège plastique au milieu du plateau pour le malade ! A la mesure de cet hosto qui ne me parait pas si bien équipé que ça.

Je dis aurevoir de la main à Diana et son chauffeur, qui nous ont été d’un grand soutien. On arrive sur le petit aérodrome, on se dit qu’ils ont trouvé 2 places sur un des petits avions qui fait la navette avec la capitale pour les safaris. Sur le tarmac, on ne sait pas trop où aller. Puis on nous fait signe de loin. On reconnaît un avion des Royal Flying Doctors, complètement médicalisé qui nous attend. La nurse accueille David qui lui confirme qu’il peut monter seul dans l’avion et rester assis plutôt que dans le brancard. Aussitôt installé, elle lui pose plusieurs électrodes, l’avion est farci d’appareils électroniques et médicaux en tout genre. Pour une fois, moi qui ait horreur de l'avion, je ressens au décollage un immense soulagement, nous sommes sortis d’affaire, on va bien s’occuper de David maintenant.

Le vol pour Nairobi dure une demi-heure mais exceptionnellement l’aéroport national de Winston est fermé jusqu'à midi à cause de VIP attendus ! On tourne donc en rond jusqu’à avoir l’autorisation d’atterrir.

On finit par atterrir, un ambulance nous attend et nous amène aux urgences de l'hôpital de Nairobi où le personnel des RFD s'occupe de toute la paperasse de notre admission. On voit très rapidement le docteur généraliste AJAY, qui ordonne examens et prises de sang. Assez vite encore, on voit le chirurgien spécialiste qui va s’occuper de David : Dr Kahugu, surnommé le sorcier et aussi le magicien, qui nous explique ce qui va se passer et que David sera opéré demain matin après avoir eu tous les résultats des examens.

Après avoir rempli un nombre conséquents de paperasse et de formulaires de décharges de responsabilité. L’après-midi David passe des examens : radio panoramique, scanner et à chaque fois je dois insister pour qu’ils m’acceptent pour faire l’interprète, car c'est pas dans leur procédure. Puis on nous installe dans notre chambre d’hôpital, au Teresa Ward. Ya plus qu'à attendre. Toute les nurses qui passent sont désolées pour ce qui nous est arrivé et expriment leur compassion sincère. En fin de journée, le chirurgien passe avec les résultats de la radio. Il nous montre sur les clichés, la fracture de la mâchoire et nous explique en quoi va consister son opération. Il est très détaillé dans ses explications et attentif à ce qu’on comprenne bien. Il nous confirme que c’est bien un impact de balle qui a fait ces dégâts mais qu’ils ne l’ont pas retrouvé. Il est content car ça a l’air d’une « jolie fracture », ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre de blessures. Bref, il se met vraiment à notre portée, avec en plus beaucoup de touches d’humour et nous rassure en qualifiant son opération, d’opération de routine. Il ne reste plus qu’à attendre demain.

Vendredi 27 Mai.

La nuit s’est passée aussi bien que possible. David est amené à 11heures pour l'opération. Je demande à l’accompagner jusqu’aux dernières limites. Ca doit être tellement dur de ne pas ètre sûr de bien comprendre ce qu’on nous dit ou de ce qu’on veut dire. L’opération devrait durer 2 heures, je croise les doigts. L’attente est longue et il n’est remonté que vers 17 heures mais tout s’est bien passé. Le docteur Kahugu passe et nous dit que l'opération a duré plus longtemps que prévu car il n’avait vu qu’une fracture nette au départ mais en fait la mâchoire a vrillé sous le choc donc il y a 3 morceaux différents donc 3 plaques. Le réveil aussi a été long. Mais tout s'est bien passé. Il nous donne les consignes à respecter scrupuleusement car le risque d’infection est élevé. L’œdème au niveau du menton, de la gorge et du haut du thorax est déjà conséquent mais il risque d’augmenter fortement avec l’opération, il est donc à surveiller attentivement. David est dans le cirage forcément. Mais maintenant que je sais qu’il va bien je peux  le laisser entre de bonnes mains car je dois aller au Jungle Junction pour organiser le rapatriement de la voiture avec Chris et le chef de la police de Laisamis. Chris parle français et connaît parfaitement le pays et comment ça fonctionne, il m’est d’une aide précieuse et je suis très heureuse qu’il se charge de téléphoner et négocier directement avec le chef de la police car au téléphone pour moi, ça n’aurait vraiment pas été évident.

Samedi  28 Mai

David récupère, il passe une radio de contrôle et le docteur et le chirurgien passent et nous expliquent avec la radio ce qu'il a fait et vérifie que tout est ok : ils sont très contents de l'intervention. Ils vérifient que la mâchoire se ferme comme il faut. Quand on nous amène le journal, on nous dit qu'on parle de nous, on nous montre l'article du Daily Nation. C'est très bizarre de voir un fait relaté et qui n'a pas grand chose à voir avec ce qui est vraiment passé, et encore plus quand on est les personnages principaux ! Donc, voilà ce fameux article "French tourist shot by bandits 'stable' ", je ne suis pas sûre qu'il y a plus de vrai que de faux  :

French tourist shot by bandits

L'après-midi, je vais en taxi au Yaya center, le centre commercial le plus important du coin pour acheter une clé 3G pour avoir internet depuis l’hopital pour donner plus facilement des nouvelles à tout le monde et gérer notre situation avec l’assistance.

Dimanche 29 Mai

Longue journée à attendre, rythmée par les soins et les changements d’équipe du personnel soignant et des aides, tous très attentionnés. Tous les jours, il y a le même rituel. On nous emmène le journal puis les repas et on nous donne les menus à choisir pour les prochaines 24 heures. Bien sûr, David ne peut avaler à la paille que de la nourriture liquide et mixée. Ce n’est pas évident de trouver quelque chose d’à peu près appétissant, du coup il se convertit et devient végétarien. Après chaque repas, il doit faire plusieurs bains de bouche pour s’assurer d’aucun risque d’infection à cause d’aliments restés dans la cicatrice. Malgré les programmes télés, la journée semble interminable.

Lundi 30 Mai

Le chef de la police appelle pour dire que la voiture est partie. A 13 heures, Chris m'appelle : la voiture est là ! Je file en taxi la voir et l'inspecter : 2 bons pets : 1 en haut de ma portière où on voit bien des impacts de balles et un à l'arrière de la caisse défoncé par un bon choc probablement à l'aide d'un « rungu »  arme traditionnelle style massue qu'ils ont utilisé pour taper sur la voiture et sur moi, heureusement qu’une fois. Je fais les photos pour le futur dossier de l’assurance, je range et prends quelques affaires et je vide le frigo qui a été arrêté plusieurs jours et qui du coup ne sent pas la rose. Après discussion avec Chris je cloture la transaction du rapatriement de la voiture avec le chef de la police par un virement avec leur système Mpesa de paiement par téléphone d’une somme exprimant nos remerciements pour tout ce qu’ils ont faits pour nous. De retour, je fais le compte-rendu détaillé à David qui est soulagé d’avoir récupéré la voiture, car paradoxalement, il se faisait peut-être plus de soucis pour notre Totoy que pour lui !

Mardi 31 Mai

Longue journée à attendre, encore plus longue car David ne reçoit plus de perfusions ni de soins particuliers ce qui mine de rien faisait un peu passer le temps en rythmant la journée. Nous avons ensuite la visite de Marco, un docteur italien qui parle français et qui fait le relais de l'assistance. Pas évident de s'y retouver dans leur organisation.

Comme toujours, le Dr Kahugu passe quotidiennement et nous fait part de l'évolution de la situation, il est très content de la façon dont les choses se passent et est impressionné par les facultés de récupération de David. Il nous dit qu'on peut sortir jeudi ! Il ne voit pas d’inconvénients à ce qu’on poursuive notre séjour au Kenya à condition de respecter rigoureusement les contraintes et le traitement. Nous aimerions continuer dans  les parcs de la vallée du Rift, on reste ainsi prés de Nairobi en cas de problème. Mais quand on aborde ce sujet avec l’assistance, ils ne sont pas d’accord et veulent nous rapatrier en France, on verra bien.

Mercredi 1er Juin

Très longue journée à attendre …. David a l’autorisation de sortir un peu, mais pas trop quand même. Alors je lui fait faire le tour de l’hopital que je commence à bien connaître. Dans la rue qui descend, tout un côté du trottoir est bordé d’échoppes qui proposent des fruits et préparations à base de fruits réalisées sur place, c’est très alléchant. On descend finalement au Java house, un café- resto-snack très sympa installé en bas de l'hosto pour boire un bon café.

Peut-être qu'on part demain, on est impatient de connaître le verdict.

Jeudi 2 Juin

David est apte à sortir mais on n'est pas sûr de partir ce soir. Il faut quand même qu'on aille voir la voiture au Jungle Junction pour organiser sa réparation. David a finalement l'autorisation de sortir quelques heures de l'hôpital

Quand on arrive là bas, David est très secoué en voyant la voiture et son état, forcément un peu en bordel dedans avec la roue de secours qui a secoué dans tous les sens. A notre presque regret, ils ont tout nettoyeé devant voulant bien sûr bien faire mais on aurait aimer retrouver la balle. Apparemment c'est à Laisamis qu'ils ont pris soin de la nettoyer car y a plus une goutte de sang à l'intérieur !

Le frigo pue une infection car la viande est restée dans frigo éteint car plus de batterie.

David est très contrarié, assez bouleversé et toute la colère de cette agression remonte, c'est normal, c’est le contrecoup qui arrive, ça fait remonter à la surface de sacrés mauvais moments.

On nettoie au maximum, on récupère les affaires qu'on doit ramener et on donne nos consignes pour la réparation à Chris qui a vraiment était d'une grande aide pour nous.

Entre temps, l'assistance nous appelle pour nous dire qu'on rentre ce soir à condition d'être sûr que les autorités kenyanes peuvent nous laisser partir du pays ???? On ne comprend pas ce que ça veut dire.

Après coup de fil à l'ambassade qui appelle le chef de la police de Laisamis de notre part, on découvre en fin de journée que « ce serait  mieux » si on faisait une déposition à la police ! Alors qu’on a passé plusieurs jours à rien faire à l’hôpital. Cerise sur le gâteau, c'est trop tard pour aller à la police et le vol de demain est complet donc au mieux départ samedi !!!

Autant dire qu’on en a gros sur le cœur quand on rentre à l’hôpital, la journée ayant été particulièrement éprouvante pour David.

Vendredi 3 juin

On ne sait toujours pas si on reste à l'hosto ou pas en attendant l'avion et on sait toujours pas quand on a les billets !

Il nous faut avant tout faire notre fameuse déposition. Un taxi vient nous chercher pour nous déposer à la station de police touristique du Kenya à quelques centaines de mètres de l'hosto !

Grand moment quand on s'aperçoit que personne est au courant et qu'on tombe mal alors que le grand chef prend son petit dejeuner !

Finalement après explication et coup de fil à l'OCPD Muchangi, on nous dit de faire une déposition et que je serais la traductrice. On a apprécie leur bonne volonté car normalement il faudrait trouver un traducteur officiel !

Par contre il faut un rapport médical de la police : bien sûr le docteur de la police n'est pas là, il ne revient que lundi ! Heureusement le chef nous propose de faire remplir le dossier de la police par le Dr Saio, nous voilà repartis vers l'hôpital avec un policier qui nous accompagne.

Le cabinet du docteur Saio est bondé et visiblement, à ses éclats de voix, il n'est pas content, mais pas content du tout que la police lui demande de remplir ce dossier. Ca devrait prendre du temps alors on nous conseille de revenir à notre chambre. Donc on rentre à l'hosto escorté par notre policier, en espérant que le Dr Saio, ne vienne pas trop tard. Il est quand même une heure : on espère pouvoir manger car à chaque fois, on n'est pas sur de revenir et on remplit les menus, 24 heures à l'avance. A chaque fois, tout le monde nous demande quand c'est qu'on part et à chaque fois même réponse : on sait pas.

Le Dr Saio finit par passer et s'excuse en nous expliquant la raison de sa colère toute latine. Puis il nous indique que l'assistance ne veut plus nous rapatrier en France et qu'il doit faire un dossier pour insister. Il est quand même 3 heures quand on peut libérer notre policier. On passe chez le Dr Kahugu pour enlever les points externes de David. Il n'est pas là mais il charge sa collègue de le faire à sa place.

Ensuite on part au Yaya Center faire un peu de shopping. David se fait couper les cheveux, on regarde quelques boutiques et on ramène des madeleines pour les infirmières.

Samedi 4 Juin

Nous avons finalement le vol confirmé en soirée. On demande au staff si on peut laisser nos affaires en toute tranquillité à l’hôpital pendant qu’on ira se promener un peu pour passer le temps et se changer les idées. On en profite pour visiter l’orphelinat des éléphants de Sheldrick que j’avais découvert par des documentaires télés. Les visiteurs sont autorisés pour l’heure du biberon. Tout le monde attend avec impatience les bébés éléphants. Un gardien fait un discours et explique leurs objectifs, les actions etc … Mais difficile de l’écouter tant on est captivés par les facéties des éléphanteaux. Ce sont des animaux incroyables, et vraiment aussi espiègles que des gamins. Malgré tout ils sont très fragiles et certains d’entre eux revêtent une couverture sur le dos pour ne pas attraper froid. J’ai la chance de pouvoir en caresser un, la peau est rugueuse et craquelée sur le dessus mais incroyablement douce sur l’envers de leurs grandes et superbes oreilles. Certains n’étaient  âgés que de quelques semaines quand ils sont arrivés au centre. La plupart survivent mais c’est un combat de tous les instants pour l’équipe de soigneurs car parfois ils ne se remettent pas du traumatisme subi et se laissent mourir, particulièrement s’ils ont assisté au massacre de leur mère ou de leur famille. Heureusement, dans la majorité des cas, ils sont sauvés et passé l’âge de 6 ans, ils sont transférés dans le centre équivalent de Tsavo où ils seront petit à petit ré-adaptés à la vie sauvage en vue de leur ré-intégration dans leur habitat naturel. Une note d’espoir pour ces animaux magnifiques et pour qu’on puisse continuer à les admirer dans la nature sauvage.

Les éléphanteaux de l'orphelinat arrivent à la queue leu leu, impatients d'avoir enfin leur biberon Chaque bébé éléphant est nourri individuellement
Les éléphanteaux de l'orphelinat arrivent à la queue leu leu, impatients d'avoir enfin leur biberon Chaque bébé éléphant est nourri individuellement

Nous rentrons manger à l’hôpital puis nous repartons pour faire du shopping en centre ville, au marché artisanal massai. On retrouve toujours plus ou moins la même chose mais c’est quand même intéressant et je reconstitue mon stock de boucles d’oreilles.

De retour à l’hôpital, nous faisons nos adieux à tout le monde qui a été si gentil avec nous et nous leur promettons qu'on viendra les voir quand on reviendra au Kenya. Nous partons à l’aéroport très tôt en cas de bouchons. Dans l'aéroport, l’attente est encore longue mais nous finissons par monter dans l’avion, bien heureux de pouvoir rentrer à la maison sains et saufs.

Kenya 2011 - 2ème partie : Samburu -> Nairobi

Ca peut toujours servir :

  • 1 Euro = 120 KES = Kenyan Shillings
  • 100 KES = 0,83 Euro
  • Kilomètres parcourus : ???
  • Litre Gas-oil : de 108 à 110,4 KES
  • Guide utilisé : The Rough Guide to Kenya : bon guide en langue anglaise mais les Bradt ou Lonely Planet ont quand même ma préférence.

  • Entrée Samburu NP, valable 24 heures :
    • 2 personnes = 120 USD
    • 1 nuit au Public Campsite pour les 2 = 40 USD
    • la voiture = 1000 KES
  • Taxi Hopital Nairobi - Orphelinat Eléphants : 4000 KES
  • Visite de l’orphelinat des éléphants de Sheldrick : pas de prix fixée mais une donation de 500 KES par personne est bienvenue 
  • L'Hôpital de Nairobi ainsi que la clinique Aga Khan de Nairobi sont les 2 établissements conseillés en cas de nécessité de soins

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