Carnet de voyage Mali 2004
Mauritanie -> Nioro du Sahel -> Kayes -> Bamako -> Sikasso -> Bénéna -> San-> Segou -> Mopti -> Pays dogon -> Douentza -> Hombori -> Douna -> Burkina Faso
Vendredi 16 Janvier
Nous tournons donc en rond à Nioro jusqu'à tomber sur une voiture de français et d'italiens qui nous indiquent où se trouve le poste de gendarmerie pour faire les formalités. Cette fois-ci encore, c'est David et son père qui s'en chargent. Après un départ un peu rude avec les gendarmes, c'est au poste de douane que nous nous rendons. Notre carnet de passage en douane nous facilite la chose. Les parents de David par contre ont une somme à payer et un titre provisoire d'importation du véhicule valable 8 jours qu'il faut prolonger à Bamako. Le retour chez les gendarmes se passe mieux et c'est en rigolant que nous les quittons.
La ville est très animée et nous essayons de nombreuses pistes pour en sortir mais en vain. Finalement, un jeune chauffeur de camion vient à notre secours et nous prend en charge jusqu'à la sortie de la ville, sur la route de Kayes. Route est un bien grand mot, piste totalement défoncée par endroit est plus approprié. Cela ne nous empêche pas de découvrir avec plaisir ces nouveaux paysages typiques de l'Afrique noire style savane avec l'apparition des baobabs immenses et si tortueux.
Nous traversons les villages eux aussi pleins d'animation surtout autour des puits où les femmes et les enfants viennent chercher l'eau. Notre passage ne passe pas inaperçu. Ce sont des sourires, des cris et des grands signes de la main qui nous accueillent : au début c'est un peu surprenant mais on s'y fait très vite et on met tout notre coeur à répondre aux saluts et à n'oublier personne.
Nous nous écartons de la piste pour nous enfoncer un peu dans la savane. C'est notre premier bivouac en brousse rien à voir avec les bivouacs dans le désert où le silence est si prenant. Ici c'est plutôt une débauche de bruits. Les oiseaux et les insectes nous tiennent compagnie avec leur concerto. Au loin, nous entendons les habitants du village voisin qui parlent ou qui pilent le mil. Ambiance Out of Africa
Samedi 17 Janvier
La piste est toujours difficile et nous qui pensions avoir fini avec des pistes infernales en Mauritanie ! Ici c'est pas le même style mais c'est pas mal non plus. Arrive enfin Sandaré avec du goudron tout neuf mais par intermittence seulement car la route est en travaux. Un peu avant Kayes, nous apercevons un groupe d'hommes rassemblés pour le battage du mil. Nous nous arrêtons et allons les voir. L'accueil est très chaleureux. Ils nous confirment qu'ils battent le mil avec des morceaux de branches comme fléaux pour séparer la graine de sa coque. Il fait déjà chaud et pourtant ils ont du coeur à l'ouvrage. On les prend en photo après petite discussion. Je vous raconte pas leur réaction quand on leur montre le résultat, très enthousiastes ! Nous les quittons pour rejoindre la ville. L'arrivée est très sympa car on passe sur un pont qui surplombe le fleuve Sénégal d'où on peut admirer les scènes classiques au bords de l'eau : les lavandières qui lavent le linge multicolore, les enfants qui viennent chercher de l'eau ou qui s'amusent dedans, des piroguiers, sans compter le spectacle de la nature ...
Nous nous payons un repas à l'hôtel du Rail le meilleur resto de la ville et surtout un retour aux sources pour Serge qui avait dormi ici avec son père (le grand-père de David) sous leur camion dans le parking de l'hôtel lorsqu'il était tout gamin et qu'il habitait au Sénégal. Pendant le repas, le patron nous signale qu'on doit aller au commissariat général pour se faire enregistrer. Le déjeuner terminé nous nous exécutons avec le chef de la police. Il nous demande les différents papiers et l'assurance du véhicule. Nous n'en avons pas et comme il nous le signale, nous sommes en infraction depuis 2 jours. Il ne nous donne pas d'amende pour autant et fait ouvrir le cabinet d'assurance auquel il nous conduit pour nous mettre en règle.
Notre assureur est lui aussi très sympa et tout en nous expliquant les modalités de la "carte brune" équivalent de notre carte verte pour les pays de la CEDEAO, on discute à bâtons rompus sur des sujets très divers. Nous effectuons les ravitaillements d'usage. Pour ma part je fais une visite du marché à la recherche de citron vert pour mon ti-punch du soir : c'est un dédale de stands où tout se vend, de la perruque aux épices en passant par les tomates et les chaussures, les habits, les ustensiles de cuisine, le riz, les céréales, les poissons séchés, la viande, etc etc, tout le nécessaire pour la vie quotidienne.
Nous partons sur la piste de Bamako qui longe le fleuve Sénégal. C'est vraiment surprenant de voir que l'axe direct qui relie Kayes à la capitale est cette piste étroite, plutôt difficile mais qui offre des points de vue superbes sur le fleuve.
Nous arrivons aux chutes du Félou après avoir visité l'ancien fort colonial de Médine. Bien que nous sommes en saison sèche, les chutes ont un débit assez conséquent et on voit bien les remous dans ce chaos rocheux. Le site est fréquenté aussi par des pêcheurs en pirogue. C'est vraiment une halte agréable et rafraîchissante même s'il n'est pas recommandé de s'y baigner à cause de la bilharziose. On en profite aussi pour visiter la station hydro-électrique d'à côté avec l'aide du technicien de garde : très intéressant. Nous nous éloignons un peu de l'eau et des moustiques potentiels et bivouaquons un peu plus loin.
Dimanche 18 Janvier
La suite du programme c'est les chutes de Gouina. Nous avons un peu de mal à trouver la piste mais après quelques demi-tours on s'y retrouve dessus. Au fur et à mesure que nous avançons la piste devient difficile avec sur la fin des passages rocheux limite trialisant. On est obligés de descendre pour examiner les passages possibles et vérifier que la hauteur des assemblages de pierres ne va pas nous endommager le dessous de la voiture. Et c'est juste après une montée de ce style qu'on se trouve 2 cyclistes de randos. Ils ont vraiment du batailler pour en arriver là ! En fait il s'agit d'un couple de 2 jeunes hollandais Saskia et Dirk qui sont partis d'Espagne à vélo : il en faut de la forme physique et du courage. On leur promet une bière fraîche à leur arrivée aux chutes pour les motiver.
Une piste étroite et ensablée descend sur la gauche vraisemblablement jusqu'aux chutes. Nous nous y engageons à pied par précaution et arrivons sur une petite plage ombragée déjà occupée par 2 voitures de français qui viennent ici régulièrement, ils ont même amenés leur petit zodiac pour naviguer et pêcher. Après discussion nous les laissons pour aller au véritable site des chutes : c'est la piste à droite des3 anciens bâtiments coloniaux que nous avons laissés plus haut. C'est vraiment très beau avec par endroit des palmeraies sur le bord et ça mérite tous les efforts à réaliser pour arriver ici. En parlant d'efforts, les hollandais arrivent peu après nous. On a fini de manger mais on leur offre la bière promise, hollandaise qui plus est, ainsi qu'un en cas réparateur qu'ils apprécient à sa juste mesure. Ils parlent un excellent français ce qui nous permet de discuter et d'en savoir un peu plus. Ils sont donc partis d'Espagne et comptent aller ainsi jusqu'au Cameroun via le Niger et le Nigéria. Leur alimentation n'est pas très variée car ils s'approvisionnent dans les petits villages qu'ils traversent et ils boivent aussi l'eau des puits. Ils avancent à un rythme de 100 à 120 kilomètres par jour : et espèrent se trouver au Caméroun début avril, comme nous ! Nous nous échangeons nos coordonnées internet respectives avant de nous quitter. J'espère vraiment qu'on se reverra au Niger ou au Caméroun.
Nous poursuivons la piste le long du fleuve, qui n'est pas du tout évidente à trouver par moment et surtout très étroite. Les branches raclent de partout notre pauvre Totoy, plus à l'aise dans les chemins plus dégagés. Au détour d'un virage, nous surprenons des singes qui détalent pour se réfugier dans les hauteurs. La piste parfois s'écartent du fleuve pour mieux le retrouver ensuite et c'est sous des manguiers immenses que nous arrivons à Bafoulabé puis à Mahina : C'est le seul endroit où nous pouvons franchir le fleuve. Mais le pont qui est présent est un pont pour la voie ferrée, emprunté par une multitude de piétons. C'est pas ce que nous avions prévu. On commence à s'y engager quand on se fait interpeller par 2 hommes qui exigent une taxe de 2500 CFA pour laisser passer les véhicules mais on ne sait pas de quel droit. Le ton commence à monter quand on demande un reçu en échange d'une éventuelle somme d'argent. Bien sûr ils ne peuvent pas nous fournir de papier officiel. Sur le champ, on force le passage et on traverse le pont en roulant à cheval sur la voie ferrée sans même avoir pris la peine de vérifier l'absence d'un train !
La piste se fait ensuite plus large et longe l'autre côté du fleuve Bafing, affluent du Sénégal, offrant ainsi une sérénité qui nous apaise après notre petit épisode d'agitation. Les paysages sont toujours superbes et quand on arrive au barrage de Manantali on se fait une joie à l'idée de trouver un bivouac à côté d'une telle étendue d'eau paisible. Et bien c'est raté, il n'y a aucun moyen de longer la retenue d'eau par la route et les rares pistes qu'on essaie débouchent sur des cases. En plus, les paysans font brûler la forêt et c'est finalement à la nuit tombante qu'on trouve une parcelle en cendre mais qui ne sent pas le cramé pour nous accueillir pour la nuit.
Lundi 19 Janvier
La suite de la route vers Bamako est pénible car ce n'est que des escaliers comme on dit ici c'est à dire que de la tôle ondulée et histoire de corser le tout il y a de gros trous partout. La tôle ondulée c'est vraiment le pire pour les voitures, ça fait tout vibrer, ça desserre les boulons, toutes les structures travaillent. Pour éviter de ressentir les vibrations soit on roule à 10 à l'heure soit on roule à vitesse élevée : 80 - 90 km/heure le tout est de trouver le rythme de croisière. Les conséquences sont les mêmes pour la voiture c'est juste pour les passagers que c'est moins pénible. Le problème c'est qu'à cette vitesse c'est plus difficile de freiner, virer ou éviter des obstacles comme des trous et ça finit souvent sur les bas-côtés à cause du manque d'adhérence sur ce type de surface. En plus, les paysages sont monotones. On alterne les champs cultivés avec les grands arbres au milieu, avec des portions de forêt pas très dense et qui plus est souvent brûlée.
Heureusement, il y a toujours des surprises, comme quand on traverse ce petit village de Fongaoura et qu'à la sortie nous voyons plein de monde attroupé autour de masses toutes blanches : c'est du coton, qui vient d'être ramassé et qui doit être travaillé et préparé pour le transport sous formes de balles. Dés que nous nous arrêtons, tout le village accourt, c'est l'affluence et l'excitation des petits comme des grands ! Le contraste entre les peaux noires et la blancheur du coton est éclatant et une fois qu'on a montré ce que peut donner une photo, tout le mode veut être dans la boite et certains révèlent ainsi leur âme de comédien. Nous repartons et cette halte chaleureuse nous a regonflé.
Rassemblement des cultivateurs autour du coton
Le goudron est de nouveau sous nos roues et ça fait du bien. L'arrivée sur Bamako est saisissante. Toutes les collines aux environs sont littéralement dévastées, il n'y a plus un arbre, de rares arbustes sont passés à travers la razzia. Tout morceau de bois a été coupé ou ramassé pour être vendu ou être brûlé pour faire la cuisine. La déforestation n'est pas une vue de l'esprit. Mais ce n'est pas tout, un nuage opaque recouvre la capitale, un mélange de brume de chaleur et de pollution et quand on entre plus profondément dans la ville on a vite compris. C'est une circulation dense avec beaucoup de mobylettes et de petites motos qui carburent avec un mélange pas très catholique. Et quand on passe au Boulevard du peuple c'est le summum. La cohue entre piétons, cyclistes, deux-roues, charrettes, voitures, taxi collectifs et vendeurs ambulants est à son apogée. Mais tout ceci se passe dans une humeur plutôt bon enfant. Pas d'agressivité au volant ni au guidon. Personne n'est speedé bref un joyeux bordel. Dans le marché d'à côté c'est tout simplement bondé et avec cette chaleur je ne suis pas sûre de vouloir vraiment plonger dans cette foule attirante par toutes ces couleurs et ces regards mais vraiment trop compacte.
Nous nous installons dans un des meilleurs hôtels de la ville pour passer ces quelques jours à Bamako, à se reposer de toutes ces pistes et à travailler pour ma part.
Lundi 19 - Jeudi 22 Janvier : séjour à Bamako
Le séjour dans la capitale nous fait renouer avec le monde occidental. C'est aussi l'occasion de rencontrer pleins de gens différents comme Mohammed, navigant sur Air Algérie, avec qui nous passons une bonne partie de la soirée à discuter ou ce coopérant tarbais, attiré par notre plaque du sud-ouest, venu formé les formateurs de la police et qui nous explique un peu sa vie d'expatrié, ou encore ce canadien géologue qui cherche des gisements d'or etc etc.
Nous mettons aussi à profit cette halte pour faire faire la révision à Totoy et surtout faire réparer sa fuite à boite de transfert qui heureusement n'intervenait que par intermittence. Il s'agit en fait de la bague étanche sortie, de la boite de transfert qui a du être remplacée car elle n'était plus étanche. C'est apparemment un phénomène connu ici et qui serait du à l'herbe à chameau qui arrive à s'entourer dans la flasque de transmission et à force, casse la bague d'étanchéité. Décidément, cette satanée herbe à chameau nous fera souffrir jusqu'au bout. Au garage, David retrouve le français que nous avions vu à Nioro du Sahel. Pour eux, c'était fuite d'huile à la boite de vitesse. Comme ils naviguent au Mali avec des amis italiens on risque fort de se recroiser.
Pendant ce temps, moi, je travaillais recluse dans ma chambre d'hôtel (snif, admirez le courage et l'abnégation ;-) ), à la mise à jour du site web. Du coup ma visite de la ville a été assez limitée comparé à David et ses parents. Mais le peu que j'en ai vu m'a plu. Les gens sont sympas, pas stressés, il y a plein de petites échoppes, de vendeurs en tout genre etc. Le seul problème c'est qu'il faut arriver à faire abstraction de la saleté omniprésente avec des déchets à peu près partout et des égouts à ciel ouvert qui laissent échapper des odeurs pestilentielles. C'est vraiment dommage d'autant plus que c'est de vrais nids à moustiques et donc à palu entre autres. Les rues principales sont goudronnées et c'est déjà pas mal car c'est assez récent. Le spectacle principal de toute façon c'est la rue avec comme scène la plus répandue actuellement : la promenade du mouton ou bélier en laisse. En effet, prochainement aura lieu la grande fête musulmane de Tabaski en commémoration du sacrifice d'Abraham. A cette occasion, un mouton est tué dans chaque famille musulmane. C'est pourquoi même dans une grande ville comme Bamako, on croise des moutons partout, à vendre, dans les maisons, traînés par une corde, shampouiné par les gosses, chargés sur les taxis brousse ou sur les bus ...
Nous quittons cette capitale bon enfant en fin d'après-midi une fois la mise à jour du site web effectuée dans des conditions très laborieuses : plus de 3 heures passées, un plantage général du serveur, le déjeuner sauté ...
Nous partons vers Koulikoro où se trouve un port important de pirogues, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Bamako, pour faire route ensuite sur Ségou. Arrivés sur place, on ne voit pas tant de pirogues que ça car le Niger est assez bas en ce moment par contre il y a beaucoup de fabrication de briques de banco et c'est quand même sympa à voir. Ce qui est moins sympa, c'est quand on se rend compte qu'il n'y a aucun pont d'ici Ségou pour repasser de l'autre côté du fleuve. On n'est donc obligé de revenir en arrière jusqu'à Bamako pour traverser le Niger et rester sur la bonne rive. C'est donc tardivement que nous trouvons un bivouac pour la nuit.
Vendredi 23 Janvier
Nous décidons de quitter le goudron pour arriver à Ségou par la piste en longeant le Niger si possible. C'est pas vraiment évident à trouver et c'est là qu'intervient notre système de cartographie embarquée qui nous est d'une aide précieuse surtout quand on a les superbes cartes IGN au 1/250 000 du Mali. Bien sûr les cartes sont obsolètes car elles datent des années 60 mais la topographie du terrain et surtout la signalisation du moindre village est très utile quand on doit demander notre chemin aux habitants. En effet, ils connaissent généralement les quelques villages environnants et c'est comme ça, en progressant de proche en proche que nous arrivons à atteindre notre but. Ceci démontre aussi qu'un système avec GPS ne suffit pas à lui seul et n'empêche en aucun cas le contact avec les populations locales comme semblent lui reprocher certains de ses détracteurs. Quand j'aurais un petit moment (c'est à dire dans 3 ou 4 mois !) j'expliquerai plus en détail le travail nécessaire pour tirer le meilleur profit d'une installation comme la nôtre.
Bref, la progression est difficile car on a du mal à trouver des pistes marquées et on emprunte plus de pistes à ânes ou à charrettes qu'autre chose mais c'est un vrai enchantement. Les paysages sont agréables avec la plupart du temps des champs de mil récoltés agrémentés de grands arbres comme les manguiers. Régulièrement on croise des troupeaux de moutons, chèvres ou zébus gardés par leurs bergers. Mais c'est surtout l'attitude des gens que nous croisons qui fait chaud au coeur. Ce sont des grands sourires généreux, des regards parfois étonnés mais toujours ravis, des éclats de rire, et aussi des fuites apeurées d'enfants qui n'ont pas l'habitude de voir des blancs. C'est aussi beaucoup de gentillesse à chaque fois qu'on est perdu et qu'on demande notre direction. Et même si on ne parle pas la même langue, on arrive toujours à se comprendre. Si ça ne suffit pas, il y a toujours quelqu'un pour se proposer pour vous accompagner et vous montrer le chemin. Comme ce villageois qui construit sa maison, qui abandonne son travail pour nous remettre sur la bonne voie et qui a su nous persuader sur la justesse de ses indications devant notre air perplexe face à la piste à vélo qu'il nous désigne du doigt. Tout ceci en jouant uniquement du regard et en parlant avec les mains.
Les villages sont également très beaux avec les cases rondes en banco rouge et leur toit de chaume. Les femmes pilent le mil, les hommes palabrent sous les manguiers et les enfants jouent ou vont chercher de l'eau.
A Fadiola nous sommes obligés de demander de l'aide à l'instituteur du village, c'est la cohue joyeuse et excitée des enfants. Certains sont pas très confiants et d'autres nous touchent pour vérifier que le blanc ça ne part pas ! En remerciement nous confions à l'enseignant des boites de stylo et de notre côté nous prenons une passagère et son bébé en stop pour nous guider jusqu'au village voisin. Tout se passe simplement, il n'y a pas d'arrière pensée touristiques ou commerciales et c'est plus qu'appréciable.
Nous rejoignons enfin le fleuve à Keninkou. La présence de l'eau révèle toujours les mêmes scènes dont on ne se lasse pas : c'est la lessive, la vaisselle, la toilette ou les jeux dans l'eau. Mais c'est l'heure de la récré et une nuée d'enfants excités par l'évènement que nous représentons fond sur nous : il est temps de partir. Notre jeu de pistes qui se croisent et s'entrecroisent se poursuit jusqu'à Tamani où encore plus d'enfants nous accueillent. Difficile de résister à cette pression bien que chaleureuse. Une ancienne piste le long du fleuve nous conduit à une écluse. Nous faisons demi-tour car il y a toujours le problème de la rivière a traverser plus tard. A Koni nous pouvons observer de près les fabricants des briques de banco que l'on voit quasiment à chaque village. En fin de journée nous croisons plein de monde, des dizaines et des dizaines de charrettes avec toute la famille dessus avec son barda. C'est vraiment trop. Surtout qu'à chaque fois c'est le même rituel des salutations et de larges sourires. Arrivés à Sona on ne peut même pas traverser le village car c'est là que se produit le marché qui crée tant d'affluence. Il y a tellement de monde qu'on est obligé de contourner le village. Finalement, l'heure du bivouac s'approchant on se laisse aller vers le Niger par le la piste Nord où nous devons cette fois-ci doubler tous les participants qui quittent le marché peu à peu. Nous avons un gué assez important à franchir et si nous faisons le spectacle pour les habitants quand on traverse, c'est leur passage avec leur charrette qui pour nous est une attraction. Tout ça, ça crée des liens et on se retrouve à transporter 3 gamins accrochés à l'arrière de la voiture jusqu'à Maniongo, pas peu fiers de leur aventure et de héler leurs amis qui marchent sur le bord de la route. Le bivouac que nous trouvons peu après sur le bord du fleuve est tout simplement splendide. Nous passons une bonne partie de la soirée à observer les rares lumières qui brillent dans la nuit et à écouter nos voisins villageois. Le bonheur est total.
Passage de gué dans un autre style | Le même passage de gué de bon matin |
Samedi 24 Janvier
Nous refranchissons le gué pour reprendre la piste principale et continuons ainsi jusqu'à retrouver le goudron. Peu avant Ségou, nous prenons une piste à gauche pour aller visiter le village de Ségoukoro, ancien site de Ségou. Les dizaines de gamins nous sautent littéralement dessus tout excités avec des "Donne moi un bic" "Donne moi un cadeau" et "Donne moi 100 francs" qui fusent de partout. Nous sommes pris en charge par un jeune qui nous amène à la case du chef du village et nous explique comment peut se passer la visite et surtout le tarif proposé de 5000 CFA par personne ! On est loin de l'ambiance des villages précédents. Après négociation, nous visitons le village entourés par une nuée de gosses. Le ciel se couvre, l'atmosphère s'alourdit. Nous arrivons enfin à Ségou et visitons la ville sous la grisaille. Il y a des anciens bâtiments coloniaux intéressants et la promenade le long du Niger a encore un certain charme si on oublie les monticules de déchets toujours présents ça et là. Et c'est même sous quelques gouttes de pluie que nous passons le barrage de Markala qui grâce à son immense retenue d'eau permet d'irriguer une zone de culture de riz et de coton au nord. Nous aurions voulu longer cette rive du Niger pour aller jusqu'à Djenné et Mopti mais une fois de plus, nous sommes obligés de faire demi tour car il n'y a aucune possibilité de retraverser le fleuve plus loin. Je n'ai pas encore ce réflexe et ce n'est pas dans nos habitudes de voir un pays quasiment coupé en deux par un fleuve. Ceci vaut pour la circulation mais pas pour les échanges commerciaux qui se font beaucoup par pirogues, barques et embarcations diverses. Nous reprenons le goudron pour Djenné et nous arrêtons dans la campagne pour bivouaquer après avoir emprunté une petite piste vers Djinna qui passe carrément dans une maison de famille.
Dimanche 25 Janvier
Il fait toujours gris et plus frais quand nous partons ce matin mais je ne vais pas m'en plaindre car on aura plus tard notre quota de chaleur. Nous empruntons de nouveau une piste pour aller voir Teryabougou : un centre expérimental monté par le père Vespieren qui avait pour vocation de montrer aux populations par l'exemple les possibilités de vivre en autosuffisance par la diversification dans les cultures et l'élevage. C'est devenu à la longue un endroit très particulier avec des zones boisées grâce aux plantations d'arbres et à l'irrigation par le fleuve Bafing avec des pompes solaires et des motopompes. Il y aussi des jardins et des élevages de lapins, de poulets et de poules pour les oeufs. A la saison des pluies, ils pratiquent aussi la pisciculture. Avec les profits dégagés, ils ont réussi à créer une école, un dispensaire, un hôtel et un restaurant, ce qui représente un lieu de vie pour les 60 familles présentes. C'est un endroit très agréable et très intéressant à visiter. Malheureusement, le père a vu sa santé décliner ces dernières années pour s'éteindre il y a trois mois de cela. Il s'avère que pendant cette période, le système s'est peu à peu dégradé, les gens détournant plus ou moins les biens en oubliant l'intérêt collectif. En plus, maintenant le centre doit peu à peu répondre aux objectifs de rentabilité et se rapprocher des modèles de gestion d'une entreprise. C'est vraiment une tâche très difficile car du temps du père c'était des notions totalement absentes de son schéma de pensée. Tout ceci nous l'avons appris en discutant avec un des 3 jeunes volontaires qui tente de prendre la relève du centre. Ils ont bon espoir mais ils mesurent tous les jours l'ampleur de la tâche à accomplir.
Après ce bilan mitigé, nous reprenons le goudron pour aller sur Djenné, ville emblématique du Mali. Sur la route, les charrettes à 4 roues tirées par des chevaux ont remplacé les petites charrettes à ânes à 2 roues, visiblement on a plus de moyen ici. Le temps est toujours gris. Nous prenons le bac, peu avant la fin d'après midi pour nous enfoncer dans les zones de marais asséchés et des bras d'eau pour bivouaquer juste après le village au doux nom de Diablo.
Lundi 26 Janvier
Nous démarrons la visite de Djenné en commençant par la mission culturelle. C'est une visite guidée très intéressante qui permet d'avoir les bases pour comprendre un petit peu mieux la ville par la suite. La chose la plus surprenante entre autres c'est qu'une famille propriétaire d'une maison est liée (éternellement) à une famille de maçons. Ici les maçons, sont une caste et seuls les membres d'une famille de maçons peuvent être maçons. Si quelqu'un vend une maison, le maçon doit être d'accord et c'est lui qui sera de toute façon le maçon du nouveau propriétaire. Les maçons sont très craints et respectés car ceux sont aussi eux qui construisent les dernières demeures des morts. Le lundi est le jour pour visiter Djenné car c'est le jour du marché qui rassemble énormément de monde et d'ethnies différentes de la région.
Nous voilà embarqués dans les rues de la ville en voiture dans un embouteillage monstre de charrettes et autres présentoirs de tout poils. C'est animé, bariolé, odorant, bruyant bref un marché très vivant. Nous abandonnons enfin nos véhicules pour entamer la visite avec notre guide. Et là c'est l'énorme déception car les ruelles sont pour la plupart des égouts à ciel ouvert. On ne peut pas admirer la superbe architecture homogène des maisons en banco dont l'exemple le plus fameux est incarné par la grande mosquée car on doit constamment regarder par terre et calculer sa trajectoire au milieu de ces cloaques. En fait, c'est un phénomène assez récent, dû à l'arrivée de l'eau courante. D'une part les gens consomment beaucoup plus d'eau qu'avant car c'est plus facile, heureusement ; mais rien n'a été prévu pour les eaux usées. Donc tout est rejeté dans la rue et tout le monde attend la saison des pluies pour le grand nettoyage naturel vers le fleuve ... C'est malheureusement le principal souvenir que je garderai de Djenné pourtant on en a vu des villes africaines et ailleurs.
Marché à Djenné devant la grande Mosquée
Nous enchaînons sur Mopti assez refroidi par notre visite précédente. Mopti est aussi une ville mythique du Mali sur le plan historique mais aussi et surtout sur le plan des échanges commerciaux grâce au Niger et aux pirogues de marchandises et de voyageurs qui naviguent dessus. C'est donc un port très important et un carrefour commercial primordial. C'est aussi un carrefour touristique avec son cortége de guides et faux guides, de vendeurs accrocheurs etc, etc. Bien sûr pour couronner notre journée de circuit touristique nous avons affaire à un prétendu guide qui a décrété de nous harceler alors qu'on n'est même pas encore descendu de la voiture. Nous avons beau décliné ses offres, il ne nous lâche pas. Du coup, le père de David renonce à la visite et préfère rester dans la voiture (que nous avons eu du mal à garer par ailleurs). Mais ce n'est pas fini. Notre soi-disant guide s'accroche et nous colle aux baskets. La tactique classique étant d'arriver à glisser quelques renseignements ça et là pour finir par faire une visite guidée et demander de l'argent en retour. David commence à s'énerver car on voudrait juste être tranquille et s'ensuit une altercation qui s'envenime jusqu'à l'intervention d'un malien qui réussit à séparer tout le monde. Mais le guide (vrai ou faux) est persévérant et c'est soi-disant pour comprendre pourquoi David s'est énervé qu'il continue à nous suivre et à discuter. Pendant ce temps Jacqueline, la mère de David, et moi essayons de profiter de l'animation extraordinaire du port de Mopti. Au bout d'une éternité et d'incessantes discussions, explications, justifications, le jeune guide daigne enfin nous laisser. Je crois que sur ce coup là David a repoussé les limites de sa patience !
On a donc eu du mal à apprécier les atouts de Mopti. Ce qui est sûr c'est que les chargements sur les pirogues sont impressionnants, tout comme le marché qui s'étale le long du port et qui grouille d'acheteurs, de vendeurs, de marchandises, de livreurs, ... Le moment le plus émouvant c'est quand on reconnaît les tables de sel sur les étalages qui sont arrivées jusqu'ici par pirogues et sûrement auparavant par caravane de chameaux comme celles qu'on a vu en Mauritanie.
Cette journée nous démontre une fois de plus que les attractions touristiques et réputées d'un pays sont souvent décevantes car emprisonnées dans un système où la perspective du profit est prépondérante. D'un autre côté, c'est difficile de passer à côté sans aller voir comment c'est. Et c'est sur ce constat peu encourageant que nous poursuivons notre route pour atteindre demain le pays Dogon, autre site touristique incontournable du Mali : on appréhende un peu.
Mardi 27 - Jeudi 29 Janvier : ballade en Pays Dogon
Notre bivouac se trouve tout près d'une piste à piétons et vélos. Du coup, on se retrouve avec des spectateurs pour la cérémonie du lever. C'est surtout par curiosité qu'ils viennent nous voir et c'est toujours dans un esprit bon enfant que cela se passe. Ce matin, il y a pas mal de filles et elles sont particulièrement intriguées par ma toilette surtout quand je passe un peu de crème sur ma figure. Nous voici donc partis dans une séance de cosmétique. Je leur donne à chacune un petit peu de crème pour le visage mais elles ont peur de la passer et de devenir blanche comme moi ! Tout le monde finit par rire comme d'habitude, ça nous réconcilie avec le genre humain.
Arrivés à Bandiagara la première ville du pays Dogon, nous allons à la mission culturelle où nous sommes très bien reçus et conseillé sur les possibilités de circuit en pays Dogon.
A l'auberge du Cheval Blanc, nous prenons finalement un guide pour les 3 prochains jours. Tout est affiché noir sur blanc, avec des tarifs bien définis et des prestations détaillées. C'est vraiment un gage de compétence et de rigueur, ça tombe à point nommé. Auparavant nous allons à Songho visiter notre premier village dogon bien que pas situé sur la célèbre falaise. D'emblée nous sommes mis dans le bain de l'exploitation touristique dogonne : un péage à payer avant d'arriver au village, puis un droit de visite et enfin un guide obligatoire tout ça pour 4000 CFA pour 2 après négociation bien sûr. Cela dit le village est très beau et la visite très enrichissante grâce aux explications du guide sur le mode de vie des villageois, de leur culture et de leurs croyances. Le bilan est donc positif
Nous retournons à l'auberge pour un excellent repas et surtout pour retrouver Leb, notre jeune guide en pays Dogon. Nous faisons les ravitaillements d'usage en ville et nous voilà partis pour notre circuit. Il fait de nouveau beau et même chaud. La piste que nous prenons serpente entre les rocailles et les reliefs qui commencent à devenir accidentés. Le paysage a changé. Nous nous approchons de la falaise et c'est du sommet du plateau que nous contemplons la vue sur l'immense plaine en contrebas. C'est superbe. Des femmes, en file indienne, gravissent à pied la longue montée avec leur habituel chargement sur la tête et le bébé dans le dos la plupart du temps. Leb nous explique qu'elles rentrent du marché d'un village en plaine pour revenir chez elle, sur le plateau : 18 kilomètres à parcourir. C'est un spectacle extraordinaire.
Nous descendons la longue route en lacets et après avoir longé la falaise, nous arrivons à notre premier village : Téli. Comme tous les villages dogons, il y a le nouveau village, en plaine, et l'ancien village, dans la falaise. C'est impressionnant. Nous montons d'abord par les ruelles, puis par des sentiers escarpés dans les ruines des maisons des premiers habitants : les Telems. Leb nous conte avec passion les us et coutumes du village et l'histoire du peuplement dogon. On reconnaît bien là la tradition orale de l'Afrique.
C'est à Endé que nous trouvons un endroit merveilleux pour bivouaquer alors que notre guide préfère rester "en ville".
Nous visitons plusieurs autres villages, plus beaux les uns que les autres : Tiréli, Amani, Banani où on a fait un bivouac fabuleux dans les dunes, Younga perché complètement en haut d'une montagne, Bongo, Sangha. Tout d'abord il y a le site, cette falaise qui est présente sur environ 170 km, la plaine en bas qui est constituée de champs de mil avec souvent des grands arbres au milieu, de jardins autour des puits, et de savanes de temps en temps vallonnées et en face il y a parfois des dunes rouges du désert qui avance. Ensuite il y a les villages ou plutôt les agrégats de quartiers qui composent les villages. La plupart du temps, à chaque village correspond une partie très ancienne (12ième siècle environ) composée de petites habitations souvent troglodytes des premiers habitants les Telems. Au dessus, il y a les grottes dans lesquelles on mettait les morts du temps des animistes. En dessous, on trouve les villages Dogons qui se sont perchés là par mesure de défense pour éviter les différents envahisseurs. Et enfin, dans la plaine, on trouve les nouveaux villages des dogons qui une fois la paix installée se sont rapatriés au plus près de leurs cultures même si certains villages sont toujours ancrés dans la montagne. L'attrait du pays Dogon vient aussi de l'unité architecturale et bien sûr de la richesse de leur culture ancestrale et de leurs traditions qu'il est difficile de présenter en quelques mots. Les points qui m'ont le plus marqués c'est la multitude d'interdits à respecter, les obligations à remplir et les togunas ou cases à palabres. C'est l'endroit, réservé aux hommes, où on discute et surtout où les conflits sont résolus. Pour illustrer le sens pratique des habitants : le toit de la toguna est très bas, comme ça si les esprits s'échauffent en cas de désaccord et qu'un interlocuteur se lève brusquement sous l'emprise de la colère, il se heurtera la tête contre le toit et ça le calmera de suite !
Ce que j'ai aussi beaucoup aimé c'est la cohabitation des populations. Les Dogons sont uniquement cultivateurs mais ils ont quand même du bétail qui est élevé par des Peuls ou par les Bellas les descendants des esclaves des Touaregs. Ces deux peuples sont monades et leur hutte ou case fabriquées avec des herbes et des branchages se retrouvent régulièrement dans le paysage. Ils ont bien sûr leurs coutumes bien à eux et ont les reconnaît facilement grâce à leur habit traditionnel et à leur superbe parure pour les femmes. C'est un beau mélange.
Ce tableau pourrait être idyllique mais ce qui le noircit c'est l'exploitation touristique de tout cela et le pillage du patrimoine dogon par des autochtones et des touristes peu scrupuleux. Le fait d'être accompagné par un guide est quasiment indispensable si on ne veut pas être harcelé partout ou pour avoir une certaine liberté d'actions qui n'offense pas les fameux interdits. Je pense quand même que la réputation de cet endroit est assez surfaite et correspond surtout à un phénomène de mode un peu trop exploité par les médias français. On voit peu ou pas de masques, de portes sculptées, de portes de greniers à mil ou de statues sur place. Vous les verrez plus dans les boutiques ou dans les magazines mais pas dans un musée et c'est dommage.
Il n'en reste pas moins que ces trois jours ont été superbes et très enrichissants surtout avec les conversations animées avec Leb que nous laissons à Sanga pour continuer de notre côté sur Douentza. Cette partie est bien moins fréquentée que la falaise de Bandiagara et pourtant toute aussi magnifique avec des paysages dignes des westerns d'Hollywood en technicolor ! C'est dans ce cadre magnifique que nous passons la nuit aux milieu des hautes herbes, une dizaine de kilomètres avant Douentza.
Vue imprenable sur la falaise de Bandiagara | "totems" de village dogon |
Vendredi 30 - Samedi 31Janvier : la réserve de Gourma
Douentza est une petite ville qui nous permet de faire les ravitaillements usuels et surtout cette fois-ci on s'achète un beau gigot pour se faire cuire à la braise ce soir : on en salive d'avance. C'est aussi le début de la réserve de Gourma où a lieu la plus grande migration d'éléphants d'Afrique, du moins c'est ce que disent les bouquins. Nous bataillons près de 2 heures pour s'organiser un périple dans la réserve, là encore accompagné par un guide. La négociation est rude avec le bureau des guides mais on finit par s'entendre et nous voilà partis avec Issiaka guide et aussi cuistot ça tombe bien.
Nous démarrons notre périple dans la réserve par la piste qui mène à Tombouctou ce qui nous permet de rencontrer de nouveau les hommes bleus du désert sur leurs chameaux. Quel plaisir de contempler de nouveau ce superbe spectacle. Nous arrivons ensuite, en longeant de magnifiques montagnes qui font penser à la Monument Valley, à un petit village où se déroule un marché à la croisée des peuples des alentours : touaregs, peuls, songhaïs, dogons. C'est particulièrement coloré, bariolé, vivant et très diversifié. Nous pénétrons par la suite plus au coeur de la réserve et slalommons dans les pistes de savanes. Les paysages sont plus arides et les rares gens que nous rencontrons sont très démunis comme l'illustrent les campements Peuls ou Touaregs que nous rencontrons. De belles choses à voir quand même mais pas d'éléphants, si ce n'est des vestiges de crottes des pachydermes de temps en temps. Il y a régulièrement de plus ou moins grandes mares comme à Benzena autour desquelles nous "jardinons" pour tenter d'apercevoir les grands mammifères.
Nous arrêtons à proximité de l'une d'elles pour bivouaquer. Un campement de dogons venus pêcher du poisson, le fumer et le sécher nous tient compagnie. Le gigot grillé est délicieux. Nous passons une fois de plus un bien agréable moment .
Le lendemain, nous continuons notre quête. Issiaka a du mal à retrouver ses marques et est finalement meilleur cuistot que guide même s'il y met toute sa bonne volonté. Nous nous arrêtons souvent pour demander des renseignements sur les éléphants dans les campements que nous trouvons. Ce sont majoritairement des Touaregs ou plutôt des Tamasheqs. A l'un d'entre eux, seules les femmes et leurs enfants sont présentes, elles sont intriguées par notre voiture et veulent la visiter, en échange nous visitons leur case étonnamment fraîche. Des nattes sur le sol, des portes calebasses, des jarres, des coussins en cuir, un certain nombre d'ustensiles de cuisine constituent l'ameublement.
Nous arrivons ensuite dans le village superbe d'Iniadatafent de Tamasheqs plus ou moins sédentarisés. Dans les rues nous croisons les hommes qui ont sorti leur parure complète avec le sabre, le poignard et le taguelmoust. Ils sont vraiment magnifiques mais aussi très impressionnants. On suppose que c'est pour l'approche de la grande fête de Tabaski qu'ils déploient tant d'atours. Pour repartir du village, comme à l'accoutumée nous nous perdons un peu, il y a tellement de traces qui partent dans tous les sens. L'avantage de se perdre, c'est de faire des rencontres imprévues comme ces deux touaregs sur leur chameau. Ils sont durs en affaire et il faut batailler ferme pour arriver à les prendre en photo. On troque la prise de vue contre un t-shirt comme ça tout le monde est content. Nous retrouvons notre chemin et nous arrêtons voir Mohamed qui est aide-soignant dans la brousse. Ce poste avancé du dispensaire existe grâce à une association française qui a monté un projet d'hôpital à Gossi dans lequel travaille Soeur Anne Marie une française que nous allons voir après. La discussion avec Mohammed est très intéressante et il faut vraiment beaucoup de volonté pour faire ce travail dans des conditions difficiles. Nous le laissons car il doit partir en brousse pour aller soigner un malade qu'on lui a signalé. De notre côté nous continuons et finissons par arriver à Gossi et sa mare. C'est un lac assez étendu et qui montre un paysage très agréable. Comme d'habitude, la présence de l'eau favorise la vie sous toutes ses formes et change radicalement la nature des paysages précédents. Nous voyons les troupeaux bien sûr qui s'abreuvent ici, il y a aussi des pirogues, et surtout des petits jardins, extraordinairement verts sous ce climat si inhospitalier et des huttes partout.
Campement tamasheq | Petite fille à Gossi |
Anne Marie est là et est heureuse de nous présenter l'équipe avec laquelle elle travaille et nous fait visiter l'Hôpital des Nomades. Les malades sont hospitalisés à l'extérieur dans leur paillote ce qui leur permet de rester avec leur famille et aussi leur chamelle pour se nourrir. Les affections les plus courantes sont la tuberculose, le sida, et les plaies. Elle nous montre des photos pour illustrer les principales problématiques. Il faut s'accrocher pour les regarder. Le paludisme, lui ne nécessite pas d'hospitalisation. Il y a aussi un gros travail de consultations et de suivis comme celui des grossesses et des accouchements. La soeur nous explique l'ampleur du travail réalisé jusqu'à maintenant et ce qu'il reste à faire sur la lancée. L'an dernier 30000 patients ont été traités dont la moitié étaient nouveaux. Cette femme est extraordinaire : elle était religieuse et à 45 ans elle a décidé de reprendre ses études de médecine pour venir soigner les gens au Sahel. Ca fait 15 ans qu'elle est ici avec son équipe de personnes très compétentes et qu'ils travaillent sur ce projet avec le soutien de l'Association Millau-Mali de Régine Gotero. C'est un moment très émouvant et très dur et quand nous la quittons, j'en ai la chair de poule.
Nous terminons l'exploration de la réserve en retrouvant le goudron. Nous avons vu 2 antilopes et 4 pintades. Mais c'est un bilan autrement positif que nous en tirons. C'est pourquoi nous sommes très heureux d'avoir fait cette excursion. La route du retour est bien monotone et la beauté des monts Hombori que nous retrouvons nous permet de finir cette journée par une touche de majesté dans le soleil déclinant. Nous laissons notre guide et nous avançons vers Boni pour passer au Burkina le lendemain. Arrivés au village, nous avons la confirmation que c'est là que nous devons faire les formalités de police. Une fois sa prière terminée le chef arrive et nous enregistre. Comme il fait déjà nuit, il nous propose très gentiment de dormir dans la cour de la gendarmerie. Nous voilà donc en train de camper chez les autorités ce qui nous donne l'occasion de discuter longuement avec un gendarme très sympa, muté ici récemment. Nous passons la fin de la soirée avec lui et comme la fête de Tabaski c'est demain, il nous invite à venir le voir à cette occasion.
Le 1er Février
A Boni nous allons dire au revoir à notre gendarme qu'on ne reconnaît plus avec son boubou tout neuf. Il s'est fait beau pour la fête de Tabaski. Il nous offre le thé à la menthe et nous invite pour le reste de la journée mais nous déclinons sa proposition et nous partons pour passer la frontière à Dinangourou .
Sur la piste nous rencontrons beaucoup de huttes de bergers Bella ou Peuls si reconnaissables avec leur allure longiligne. Les femmes sont particulièrement élégantes aujourd'hui avec leur robes bariolées, leurs bijoux en or et leur coiffure très décorée avec souvent la présence de coquillages ou de pièces de monnaie.
A Douari c'est tout simplement noir de monde, probablement la sortie de la prière. Ils sont tous plus beaux lés uns que les autres, chacun ayant mis un point d'honneur à revêtir la tenue qui le met le plus en valeur. Les enfants ont un habit tout neuf et le plus drôle c'est quand on voie toute une fratrie avec un beau costume identique taillé dans le même tissu.
A la sortie du village c'est une autre scène spectaculaire à laquelle nous assistons. Autour du puits, des chameaux courent dans des directions opposées. Ils sont chevauchés par des petits gosses pour tirer les cordes qui vont dans le puits en passant par un système de poulies fixées sur le bord. Tout ce ballet incessant va très vite et les poulies sifflent sous la sollicitation des cavaliers. Les hommes au bord du puits sont là pour récupérer les gourdes et abreuver le bétail. Apparemment ils vont marcher jour et nuit pendant prés de 2 semaines pour vendre les troupeaux à Bamako.
Puits de Douari où règne l'effervescence
Dinangourou est le poste où nous devons effectuer les formalités de douane mais le chef de la douane est parti plusieurs jours pour fêter Tabaski et Koro l'autre poste frontière est à 120 km. Finalement à force de discuter à droite à gauche, on apprend que le sous-préfet habite ici. David et son père vont le voir et c'est avec beaucoup de gentillesse qu'il tamponne les papiers de la voiture et récupère les informations à transmettre au chef de la douane à son retour.
Au revoir le Mali, Bonjour le Burkina Faso !
Mali 2004
Ca peut toujours servir :
- Frontière depuis Mauritanie : Formalités de police et de douane à Nioro du Sahel
- Enregistrement à la police de Kayes
- Frontière vers Burkina : Formalités de police à Boni, Formalités de douane à Dinangourou.
- Pain : 250 CFA
- 58320 CFA c'est le montant que nous payons pour être assurés au tiers pour 3 mois à la CNAR : Caisse Nationale d'Assurance et de Réassurance du Mali, sociét4 d'Etat.
- Point GPS pour croisement pour piste pour chute de Gouina : 14 03 2767 N 11 13 4372 W
- Sinon après ancienne usine (cimenterie ?) située sur a gauche de la piste, à une centaine de mètres petit panneau sur la droite pour indiquer la piste pour Gouina, le début est assez peu marqué mais par la suite on s'y retrouve plus facilement.
- Site internet de Saskia et Dirk : www.dirkensaskiaopdefiets.com
- Idée de salaires : SMIC=29000 CFA, Un gardien de nuit 60000 CFA, un gardien de jours 45000 CFA, une cuisinière mi-temps 30000 CFA, aide-soignant 65000 CFA
- Prix du carburant : entre 405 et 415 CFA le litre de gas-oil.
- Garage concessionnaire Toyota : Quartier Quiwzambougou - rue Achkabad - Tel (223) 221 26 53 - Bamako
- Prix de l'heure dans un cybercafé : entre 500 et 100 CFA, pas de client FTP, différents Windows.
- Prix du bac pour Djénné (A/R) : 3000 CFA pour la voiture.
- Pour contacter LEB guide en pays dogon y compris trecking :
- Abdulaï KASSOGUE dit LEB
- guide à l'Auberge du Cheval Blanc - Bandiagara - Mali - BP 13
- Tèl : 24-42-388
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