Carnet de voyage Mauritanie 2004

L'album photos Mauritanie

L'album photos Mauritanie

Maroc -> Nouâdhibou -> Voie ferrée -> Atar -> Chinguetti -> Er Rachid -> Vallée de N'Beika -> Guelta de Matmata -> Tidjikja -> Tichit -> Oualata -> Nema -> Ayoun El Atrous -> Mali

Lundi 5 Janvier 

Nous démarrons tôt par le passage de la frontière marocaine. Rien à voir avec celle de Ceuta, forcément il y a moins de passage par ici mais il y a quand même une dizaine de véhicules déjà sur place. Je vous fais grâce des détails cette fois-ci,  c'est à peu près la même procédure sauf qu'il y n'a que 2 bureaux à passer dans 2 bâtiments diférents : la douane puis la police donc on ne peut pas se tromper. Cette fois-ci on a mis une heure score assez honorable finalement. Nous passons le dernier poste de contrôle marocain, c'est facile à savoir car la route goudronnée s'arrête juste après : bienvenue en Mauritanie ! 

Une belle piste ensablée toute neuve s'offre à nous mais en fait il ne faut pas la prendre car on raterait le poste de frontière mauritanien. Il faut encore emprunter, sur notre droite, l'ancienne route goudronnée espagnole. Pour résumer c'est comme de la tôle ondulée mais sur goudron. Bref infernal, ça vibre de partout dans la voiture. Au bout de plusieurs kilomètres on arrive enfin au poste de frontière mauritanien. Les photos sont interdites donc vous ne le verrez pas et pourtant ça vaut le coup d'oeil. C'est simple lorsqu'on était passé ici la première fois en 2002, on n'avait pas compris que c'était là et on avait filé tout droit avant de se faire interpeler ! Depuis ils ont fait des progrès, ils ont mis une sorte de panneau, ils devaient en avoir marre de courrir après ceux qui ne s'arrêtent pas. Juste pour l'ambiance, il s'agit de tentes dont les côtés sont renforcés en dur. A l'intérieur, la natte pour dormir, le petit brasier pour faire le thé et une table avec une chaise. Très sommaire. Nous retrouvons un douanier qu'on avait rencontré ici en 2002 et qui espérait être muté ailleurs. Malheureusement pour lui, il est toujours là. Il se rappelle de nous. Ca facilite les choses. Nous prenons les visas et différentes taxes. Au final, nous sommes allégés de 120 euros : 50 euros de visas chacun plus 2 x 10 euros de taxe pour la voiture qu'on a toujours pas compris à quoi ça correspond. Pour les visas, c'est bien moins cher de se les procurer à Casablanca. Il suffit de déposer vos passeports avant 10 heures à l'ambassade de Mauritanie et vous les récupérez dans la journée pour 100 dirhams il me semble. Ca n'a pas été possible pour nous, du coup on a payé le prix fort.

Pour les autres formalités (assurance, change) nous avons fait appel à un guide que nous connaissions déjà :   Mohammed Arturo. Il s'est chargé de tout. Cela nous évite ainsi de se farcir l'aller retour jusqu'à Nouadhibou : 35 km aller puis  retour d'une piste pénible dont une bonne partie se déroule dans un no man's land réputé encore miné et qui nécessite au moins pour les premières fois les services d'un guide pour s'orienter dans ce dédale de pistes et de traces. Il nous conduit jusqu'à la voie ferrée. C'est maintenant que notre voyage en Mauritanie commence, enfin ....

Mardi 6 Janvier

Nous entamons notre premier itinéraire en Mauritanie sous le soleil mais avec pas mal de vent comme il se doit dans cette région, la température est agréable, sans plus. Nous allons longer la voie ferrée sur laquelle passe le train le plus long du monde sur environ 440 km pour obliquer ensuite sur Atar. Cette voie ferrée a été créée pour acheminer le minerai de fer des mines à ciel ouvert de Zouerate jusqu'à Nouadhibou pour être ensuite chargé sur des bateaux. Ce minerai de fer est une très importante ressource pour le pays.

La Baie du Lévrier en fond

La Baie du Lévrier en fond

Le premier tronçon de la piste est en grand travaux car ils créent une route entre Nouadhibou et Nouakchott qui devrait être terminée en 2004. C'est donc un slalom entre ancienne piste, nouvelle piste, camions de travaux etc : beaucoup de traffic mais on avance facilement au milieu de sols durs et de sables. Nous passons la Baie du Lévrier qui marque la séparation avec la piste principale vers la capitale. Nous voyons enfin nos premières dunes de sable doré et on ne peut pas résister à l'envie de les approcher et pour David de tester les aptitudes sableuse de Totoy ! Pause déjeuner, on l'a bien mérité.

Petit à petit, l'ambiance du désert se fait sentir. Les paysages varient insensiblement mais toujours avec comme dominance le sable doré. Parfois le relief est très plat, puis de légères dunes apparaissent. Il y a aussi l'émergence de sorte de roches blanches qui affleurent plus ou moins le sol. Mais surtout ce qui nous surprend c'est toutes les touffes d'herbe bien verte que nous voyons partout. Tout juste si on n'a pas l'impression de longer des prairies clairsemées certes mais des prairies quand même. Nous ne reconnaissons pas le désert que nous avions traversé en mai 2002. C'est vraiment surprenant. Nous ne savons pas encore si c'est dû à l'époque différente ou si c'est exceptionnel.

Les prairies du désert Exemple de reliefs
Les prairies du désert Exemple de reliefs

PK 222 : c'est le point kilométrique 222 depuis le début de la voie ferrée à Nouadhibou. Quelques dizaines de cahuttes et de petites maisons balayées par le vent sont plantées là, nous nous arrêtons. On discute un peu, surtout avec Moussa, l'infirmier de ce village de la SNIM, la société qui exploite le minerai et la voie ferrée. Il manque de tout pour pouvoir exercer son métier correctement. On lui donne des médicaments qu'on avait emporté pour ce genre d'occasion. On ne peut pas faire grand chose de plus. Par contre, vous qui passerez par là, vous pourrez lui amener des sondes urinaires et des appareils pour mesurer la tension entre autres, il en serait très heureux car il soigne aussi les nomades qui vivent dans la région et apparament il en a cruellement besoin. Je lui dis que je passerai le message sur internet à la communauté des voyageurs pour la Mauritanie, il m'en remercie et maintenant il espère. Il prévient le PK 393 de notre arrivée le lendemain car nous avons rendez-vous avec une connaissance de l'année dernière.

Nous poursuivons notre route. Pour Jean-François et Babé c'est la découverte d'un nouveau monde d'une beauté saisissante mais aussi d'une dureté impitoyable. Nous ne croisons pas grand monde. Quelques troupeaux de dromadaires ou de chèvres. De temps en temps, on aperçoit les tentes blanches des nomades. Mais on ne s'ennuie pas une seconde, je suis comme hypnotisée par le désert. Et puis il faut aussi surveiller les traces de véhicules sur la piste que nous empruntons et bien sûr vérifier avec le GPS que nous allons dans la bonne direction. La tâche ici est aisée car la voie ferrée nous sert de fil d'ariane. Justement on aperçoit le train qui arrive de l'est. Pour moi c'est toujours un évènement. Au milieu de ce nulle part, vide de bruit à part celui du vent et de nos voitures et tout à coup ce grondement qui survient de plus en plus sourd et fort. De nuit c'est encore plus prenant. Mais là c'est en plein soleil qu'on voit les locomotives si caractéristiques se rapprocher. Il est si étrangement long, il n'en finit pas de passer devant nous. 112, c'est le nombre de wagons que j'ai comptés, chaque wagon pèse 100 tonnes et il s'étale sur 2 kilomètres, c'est vraiment à la démesure du désert.

Le \

Le "petit" train du désert

Bivouac près de Dibilal, entouré de dunes. Le ciel est couvert, nous ne fairons pas encore découvrir à nos amis, la magie de de la voûte céleste dans ce désert si particulier. Le lendemain on progresse toujours assez facilement dans le sable à notre grande surprise. On ne perd pas trop la piste sauf quand on doit traverser des villages. C'est beaucoup moins dur qu'en mai 2002 et c'est tant mieux. Des roches noires commencent à apparaitre de plus en plus fréquemment : nous approchons des monolithes de  Ben Amira, village au PK393

paysage minéral et pour une fois végétal

paysage minéral et pour une fois végétal

Il y a un an et demi, on a fait une super halte ici. En fait, suivant les recommandations de notre excellent livre "Guide de la Mauritanie au GPS" nous nous sommes arrêtés au PK 393 pour demander les horaires des trains. Pour quoi faire me direz-vous ?

Tout simplement parce qu'à ce point démarre un erg difficile à traverser car son sable est toujours extrêmement mou. Et quand on est seul, il n'est pas très raisonnable de s'emmancher là dedans, en plus au mois de mai, un des mois les plus chauds de l'année, il faut être masochiste. Du coup la seule solution, c'est de rouler à cheval sur la voie ferrée qu'on ne peut quitter pendant une cinquantaine de kilomètres. Il faut donc auparavant se renseigner sur les horaires du train et des navettes techniques qui circulent sur la voie. C'est donc comme çà qu'on a fait la connaissance de Cheik Habib en 2002. Il travaille pour la SNIM et le train du désert version tourisme. Il nous a raconté l'histoire de ce village et surtout de ses 2 trésors Ben Amira et Aicha. Il nous a donné aussi les points GPS d'un raccourci pour rejoindre Atar sans passer par Choum (la navigation est son passe-temps, ça tombe bien). Nous comptons bien le revoir cette fois-ci car nous avons des photos à lui remettre.

Ben Amira se profile au loin. C'est un spectacle superbe car avec toute la verdure, les nomades se sont installer pour faire pâturer leurs bêtes. Ben Amira est le deuxième plus gros monolithe du monde (après Ayers Rock son grand frère qu'on ira voir dans quelques mois). Il est entouré d'autres monolithes très imposants aussi dont Aicha, une originalité de la nature. Nous nous dirigeons directement vers eux. Bien qu'ils soient situés à gauche de la voie ferré (côté considéré comme miné), cela ne représente aucun danger d'y aller quand on est à ses allentours. Il suffit de suivre les nombreuses traces des pick-ups des nomades. C'est un site magnifique, impressionnant une fois de plus par ses contrastes entre la douceur du sable et la rudesse de la roche, mais aussi par le contraste des couleurs, le sable jaune, la roche noire et cette année la verdure omniprésente. Il ne manque plus que le bleu intense du ciel mais pas pour cette fois, les nuages sont de la partie.

Ben Amira avec les tentes des nomades et les droms Autour de Ben Amira
Ben Amira avec les tentes des nomades et les droms Autour de Ben Amira
L'eau est bel et bien là L'eau est là, mais attention à ses pièges
L'eau est bel et bien là L'eau est là, mais attention à ses pièges

On profite de ce superbe emplacement pour déjeuner. Quand un pick-up arrive. C'est Cheikh Habib. Le téléphone arabe a marché ou plutôt la radio ! C'est avec grand plaisir qu'on se retrouve, comme promis avec un certain délai (!) on lui remet les photos des sculptures sur site qu'il nous avaient indiquées. Cette fois-ci il nous propose d'aller nous faire visiter ces mêmes lieux. Il s'agit d'un monolithe où s'est déroulé un symposium d'artistes sculpteurs du monde entier à l'occasion du passage au nouveau millénaire. Une fois de plus la Mauritanie nous surprend et même si on connaissait déjà ce lieu, les explications et la passion de Cheikh nous font apparaître ces oeuvres sous un jour nouveau. Il nous confirme aussi que le pays a connu des pluies exceptionnelles cette année, mettant ainsi fin à une sécheresse de plus de cinq ans. On se ballade au milieu de ces enchevêtrements de pierre et de sable. C'est vraiment une halte très enrichissante.

Ce n'est pas un mirage, tout simplement de l'eau Pause déjeuner, le soleil sort
Ce n'est pas un mirage, tout simplement de l'eau Pause déjeuner, le soleil sort

Il faut maintenant repartir et c'est le plus gros morceau qui nous attend : l'erg au sable très mou, d'une cinquantaine de kilomètres à franchir. David doit constamment slalommer entre les dunes et surtout les bosses faites par l'herbe à chameau. Effectivement le sable est très mou mais comme on a bien dégonfler les pneus avant, finalement ça se passe plutôt bien du moment qu'on ne stoppe pas l'élan. On est trés heureux de la première épreuve test de Totoy, il passe vraiment bien dans le sable malgré son manque de chevaux et surtout son poids trés important. Nous arrivons à la fin de l'erg et nous quittons notre chère voie ferrée pour nous diriger vers les montagnes de l'Adrar, suivant les indications que Cheikh nous avait données. Une autre facette du désert de Mauritanie s'offre à nous..

PK 420, le long de la voie ferrée Premier contact avec l'Adrar
PK 420, le long de la voie ferrée Premier contact avec l'Adrar

L'Adrar est une région de Mauritanie dont la capitale est Atar, très touristique à l'échelle du pays bien sûr. Nous nous enfonçons dans la première vallée, paysage de savane avec son sol sableux ocre cette fois-ci, les petites touffes d'herbe qui parsèment le sol et tous les acacias. Dans cette végétation relativement abondante, on distingue de nombreuses tentes blanches, tâches lumineuses dans ses teintes estompées par la poussière. Nous nous arrêtons pour bivouaquer à Guelb Debech une intrusion de superbes dunes dans la vallée. Ce qui m'émeut le plus ce sont les bruits, on entend des cris d'enfants au loin, les troupeaux et le vent. J'ai l'impression que rien n'a changé depuis des années et des années. On dirait que le temps n'a plus d'emprise sur nous. Un sentiment de sérénité se dégage de ce lieux superbe.

Demain nous rejoindrons Chinguetti pour passer la soirée à Atar. Et oui, le Paris-Dakar s'est invité sur notre parcours, ce que nous n'avions pas du tout prévu. Alors comme c'est quand même un grand évènement et qu'il y a des fans parmi nous, on chamboule un peu notre programme pour être demain soir à son arrivée. Mais ça, c'est une autre histoire.

Mercredi 7 Janvier 

Nous partons de notre bivouac au milieu d'un cordon de dunes pour s'infiltrer dans la chaine de montagne qui nous fait barrage. Pour cela nous devons trouver les pistes qui nous mènent aux deux passes d'Aouinet puis de N'Tarzi qui permettent de franchir ces deux barres successives de montagnes et rejoindre la grande route pour Atar, la capitale de la région. 

Notre douce vallée, où nous rencontrons de nombreuses petites nuées de sauterelles, fait maintenant place à un paysage beaucoup plus rude de piste de montagne très rocailleuse. Et encore les touffes d'herbe nombreuses donnent somme toute une agréable touche vivante à cet ensemble excessivement minéral. Cependant les paysages sont toujours superbes. Les flancs de la montagne, tranchés à vif pour laisser passer la piste, laissent apparaître des strates de pierre de toutes les couleurs. Si vous vous interrogez sur une éventuelle vocation de géologue, c'est en Mauritanie qu'il faut venir pour faire votre choix définitif ! Nous retombons ensuite sur la piste principale, superbe large piste de tôle ondulée : on ne peut pas tout avoir.

Une autre facette de l'Adrar

Une autre facette de l'Adrar

A l'entrée d'Atar, on se fait enregistrer au poste de police, comme à chaque fois dans les grandes villes de Mauritanie. Heureusement on a prévu le stock de fiches de renseignements. Ici règne une certaine effervescence pour cause de rallye et de fréquentation touristique, ça nous change beaucoup des contrées que nous venons de quitter.

Départ pour la mythique ville de Chinguetti par la nouvelle piste. Mais si vous avez plus de temps, le rêve absolu est d'arriver à Chinguetti par son oued en fin de journée, c'est tout simplement fabuleux. Pour cette fois-ci nous donnons dans le pratique et les 70 km qui nous séparent de la ville sainte sont vite avalés. Pendant que Jean-François et Babé découvrent les charmes de Chinguetti et de ses manuscrits très anciens, nous nous reposons à l'Auberge des Caravanes où nous discutons pas mal de temps avec son patron sur l'évolution des affaires et du tourisme en ces lieux.

Pour le retour, nous passons par la piste superbe de la passe d'Amoggiar et de Fort Sagane. C'est en effet ici qu'a été construit pour les besoins du film "Fort Saganne" le fort du même nom. Si vous êtes en manque de Mauritanie, vous pouvez toujours revoir ce film qui met parfaitement en scène les paysages de ce pays. Nous nous enfonçons ensuite dans les superbes canyons qui nous cernent. La dureté des lieux est accentuée par le vent cinglant. En chemin, nous dérangeons involontairement une colonie de petits animaux qui ressemblent aux damans des rochers. Toute la famille s'enfuit à la queue leu leu en bondissant d'un rocher à l'autre sur le flanc de la montagne avant de disparaitre on ne sait où. Nous retrouvons enfin la piste nouvelle qui rejoint Atar.

Fort Sagane Vue depuis la passe d'Amoggiar
Fort Sagane Vue depuis la passe d'Amoggiar

Le bivouac du Rallye s'est installé à côté de l'aéroport et c'est marrant de voir l'attroupement que ça génère autant dans les populations locales que chez les touristes qui ont fait le voyage jusqu'ici pour l'occasion. Malgré la nuit qui tombe nous profitons pleinement du spectacle. Il y a encore peu d'arrivés car l'étape du jour est particulièrement longue et difficile. On discute avec ces pilotes émérites, leur performance est vraiment impressionnante, tout comme leur équipement ! Ca rappelle pas mal de souvenirs à David et à son père qui ont participé aux éditions 1998 et 2000. Pour l'instant le virus ne les reprend pas encore où du moins, ils le cachent bien. Un qui ne se cache pas, au contraire c'est Vattanen. Il fait une arrivée retentissante et sa voiture à laquelle il manque carrément la roue avant gauche, crache des gerbes d'étincelles que personne ne peut ignorer ! Nous laissons cette autre planète pour revenir sur la nôtre : à partir de demain cet un itinéraire inconnu que nous allons découvrir

Arrivée de Vatanen

Arrivée de Vatanen

Jeudi 8 Janvier 

Après ma tentative infructueuse de mise à jour du site web dans le cybercafé de la ville, nous profitons de l'approvisionnement de la ville pour refaire les stocks complets d'eau, de carburant et de produits frais. Objectif Rachid, au dessus de Tidjikja par la piste Atar - Tidjikja, mais ce n'est pas celle de l'étape du Dakar, uniquement sur la fin. Le démarrage s'avère fastidieux car on a du mal à trouver la piste en question. Après la visite pas du tout prévue de l'oued El Melga (sic), nous nous retrouvons enfin sur la bonne voie. Le ciel est couvert de nuages et il y a beaucoup de vent ce qui donne une atmosphère vraiment particulière. La piste traverse tantot des plateaux rocailleux, tantot des étendues planes et dures avec des arbustes et des touffes d'herbes comme végétation. Puis les choses se compliquent. En effet, nous devons auparavant franchir un massif dunaire avec des cordons très prononcés. De plus le vent a forci et c'est limite tempête de sable, bien sûr il n'y a plus aucune trace de piste. C'est donc au cap et au feeling qu'on traverse cette zone où en plus il faut slalommer entre les herbes à chameaux dans le sable assez mou. Nos hommes sont obligés de faire la reconnaissance des passages à pied. A un moment, on aperçoit un pick-up un peu plus loin, on se dit que ça doit être la piste que nous avons perdu car nous n'imaginons pas que la piste passe au milieu de cet obstacle. On se rapproche à pied tandis que le sable nous crible tout le corps. Déception ! le véhicule est complètement planté, inoccupé mais avec tout son chargement : il n'a pas fait mieux que nous, au contraire. Finalement on arrive à se sortir de ce piège petit bout par petit bout et on franchit la passe de Zarga pour traverser une zone de plateaux montagneux qu'on est vraiment content de trouver. Bivouac un peu avant Er Rekham au milieu de barkhanes qu'on a pu trouver comme quoi, on n'est pas rancunier. 

Dunes à perte de vue

Dunes à perte de vue

Vendredi 9 Janvier 

Nous repartons tôt. Les paysages sont relativement monotones, il est vrai que l'absence de la lumière du soleil y est pour beaucoup. D'énormes criquets fusent de partout sur notre passage. Nous avons de nouveau un superbe massif dunaire à franchir, un peu après Amjenjer, et ce nouvel obstacle nous réveille de bon matin. Par contre le soleil s'est finalement décidé à percer un peu et ce spectacle de mer de dunes est toujours aussi fantastique malgré les difficultés que cela pose. A force de reconnaissance et de réflexion, nous venons de nouveau à bout du sable et nous offrons une halte au village perdu de Ain Ec Cefra. Le vent toujours très présent nous dissuade d'aller visiter son oasis. 

Nous poursuivons sans difficultés particulières et c'est en fin d'après midi que nous arrivons à l'oasis superbe de Taoujafet et sa guelta. L'ocre du sable contraste avec les roches noires de la montagne enclavée et le vert intense des palmiers. Après un passage un peu trialisant parmi les roches en questions, nous faisons face à la dernière grosse difficulté du parcours, la dune de 400 mètres de Taoujafet. En plus, le Dakar est passé par ici hier, et la montée de la dune est tout simplement labourée par tous les passages des véhicules ce qui complique notre tâche. Mis à part quelques "stoppages" et non plantages, on s'en sort comme des chefs et c'est avec délectation qu'on roule maintenant dans l'oued Rachid avec ses abords magnifiques, opposant toujours la douceur du sable et des dunes avec la rudesse et l'abrupt de la roche. Viennent s'ajouter aussi la végétation abondante et les populations de nomades accompagnés de leurs troupeaux de chèvres ou de dromadaires. Bref, idyllique.

Oasis de Taoujafet

Oasis de Taoujafet

L'arrivée à Rachid est très "chaleureuse" une nuée d'enfants nous accueille et s'empresse de nous raconter leurs histoires sur les concurrents du Dakar tout en nous demandant régulièrement qui un bic, qui un cadeau qui de l'argent. Nous renonçons à notre projet d'exploration de la piste Er Rachid - Ksar El Barka par manque de temps de nos amis Jean-François et Babé et décidons de poursuivre jusqu'à Tidjikja. Le soleil descend rapidement, nous bivouaquons entre Iriji et El Ahouetat

Le superbe oued Rachid que nous remontons avec bonheur

Le superbe oued Rachid que nous remontons avec bonheur

Samedi 10 Janvier 

Nous avons entendu des véhicules passés cette nuit avec un bruit de moteurs qui ne laisse aucun équivoque : des retardataires du Dakar mais Tidjikja n'est pas très loin (une quinzaine de kilomètres). Nous aussi nous nous croyons bientôt arrivés : grossière erreur. Comme nous suivons les traces du Dakar, nous nous laissons embarqués dans une zone de jardinage monumental. Nous sortons de l'oued barré par une sorte de barrage par la droite, là où va la majorité des traces. La piste commence a être de plus en plus barrée par des barres rocheuses qu'il faut franchir délicatement. Nous tombons sur un couple de français qui a renoncé la nuit tombée à aller plus loin par contre ils ont vu pas mal de concurrents passer et repasser devant leur voiture. On continue à avancer péniblement, on fait du 10 km/heure maximum. On finit par atterrir dans un dédale de traces où il est impossible de reconnaître ses petits. On fait du hors piste total et on se dirige au cap mais voilà le terrain ne s'y prête pas du tout : c'est un champ de grosses caillasses posées ou enfouies dans le sable avec des arbustes pour agrémenter le tout. Un vrai champ de bataille. Il y en a partout. De nombreuses pierres sont cassées ou portent les traces d'un passage forcé d'un véhicule. Au bout d'une bonne heure, à force de batailler on se retrouve exactement au point d'entrée de cette zone. C'est à s'arracher les cheveux. On a une pensée émue pour les pauvres concurrents qui se sont exténués ici de nuit ! Du coup on discute avec le couple de français,Thierry et Virginie, qui entre temps a eu aussi droit à son "tournage en rond". On fait demi-tour jusqu'au dernier endroit ou tout allait bien : l'oued. Cette fois-ci, on y sort à gauche, on y retrouve la piste et on arrive enfin à Tidjikja : c'est pourtant facile de ne pas se tromper ! 

Piste infernale avant Tidjikja

Piste infernale avant Tidjikja

La ville a bien changé, le goudron a fait son apparition. Nous allons à la station pour faire les pleins comme d'habitude. On y retrouve un camion d'assistance du Dakar et des motards retardataires. Tout le monde discute avec tout le monde. On téléphone aussi pour donner des nouvelles car il y a le réseau. On y entend de tout. Que l'étape Atar-Tidjikja a été horrible et ça on veut bien le croire. Que l'étape Tidjikja - Néma est encore plus infernale, ça ne nous arrange pas car c'est cela qu'on voulait faire ensuite. Que les 2 étapes suivantes du Dakar sont annulées pour cause d'insécurité liée aux bandes armées au Mali et au Burkina, ça non plus ça nous arrange pas. Thierry et Virginie se joignent à nous, eux aussi ils sont intéressés par faire Tidjikja - Néma mais seuls c'est plus délicat par contre ils veulent être à Dakar pour l'arrivée bien sûr. Nous on va à Matmata qui sera notre dernier itinéraire avec Jean-François et Babé ( et oui il y en a qui travaillent ). 

A la sortie de la ville on se fait contrôler et on nous ordonne de faire demi-tour pour aller se faire enregistrer à la police. On se plie au jeu et on finit par quitter Tidjikja presque une heure plus tard et rouler sur la superbe route goudronnée que nous apprécions à sa juste valeur. 

C'est en milieu d'après midi que nous atteignons le virage de N'Beika où nous prenons la piste pour Matmata. C'est un lieu magique, une guelta au fond d'un oued encaissé entre 2 flancs de montagne. Et surtout y subsiste les derniers représentants des crocodiles du Nil de l'époque où le Sahara était une savane et non pas un désert. David et moi y sommes venus 2 fois et j'ai été bredouille. J'ai la ferme intention de découvrir enfin ces curieux spécimens. 

Guelta de Matmata et ses fameux crocodiles très très discrets

Guelta de Matmata et ses fameux crocodiles très très discrets

La magie des lieux opère une nouvelle fois. C'est à pied qu'on doit finir d'explorer l'endroit. On est accompagné par des enfants du hameau voisin. Cette année il y a beaucoup plu et il y a plusieurs gueltas. C'est vraiment superbe. Les roches sculptées par l'érosion ont des formes extraordinaires. La ballade est très agréable mais points de sauriens en vue, que des traces. Les blocs rocheux sont de plus en plus nombreux et s'amoncellent jusqu'à former un véritable chaos. On se fraye un chemin parmi ces amas, il fait de plus en plus chaud, la progression est de plus en plus difficile. David qui est en tête aperçoit 2 crocos, pour moi il est trop tard. On s'acharne. De temps en temps il y a une trouée d'eau dans cette pierraille. On scrute, chacun de son côté. Cette fois-ci c'est Jean-François qui a sa part de bonheur. Moi toujours rien. Au fur et à mesure qu'on avance on discute avec nos accompagnateurs qui nous révèlent que la véritable guelta de Matmata est à encore 2 kilomètres parmi ce chaos. Nous renonçons. Une fois de plus, je suis bredouille mais ça me donne une occasion de vouloir revenir !

Nous retrouvons nos voitures entourées par leurs gardiens. On bavarde. On est bien tenté par rester bivouaquer ici. On parle avec le chef. Il nous propose la palmeraie, on ne pouvait rêver mieux. Pendant qu'on s'installe, le comité d'accueil nous observe, à distance, silencieusement, respectueusement. Le chef donne le signal, en un clin d'oeil il n'y a plus personne ! Nous passons une soirée plus que chaleureuse. La voûte céleste est splendide ce soir, ce bivouac restera dans les mémoires à plus d'un titre. Demain nos routes se sépareront, Jean-François et Babé qui ont découvert la Mauritanie remontent en France, Thierry et Virginie poursuivent finalement le goudron jusqu'au Sénégal tandis que Serge et Jacqueline restent avec nous pour rejoindre Nema par la piste, via Tichit. Cette nuit chacun sera emporté pas ses rêves et ses pensées, cette fois-ci ils seront tous différents. 

Bivouac idyllique à Matmata

Bivouac idyllique à Matmata

Dimanche 11 Janvier 

Le lever du jour sur la palmeraie où on a bivouaqué nous récompense de l'effort du réveil matinal, voire très matinal pour moi ! C'est à regret que nous quittons ces lieux où nous avons bénéficié d'un accueil très chaleureux. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à l'école du hameau de nos hôtes pour leur donner la collecte effectuée par les enfants de l'école de Tony, le neveu de David. Nous remettons le précieux présent à l'instituteur qui les redistribuera ensuite, nous ne voulons pas non plus trop perturber le déroulement de la classe. Les enfants sont très enthousiasmés par cette perspective et encore plus car on leur montre les écrans de nos appareils photos numériques dans lesquels ils peuvent se reconnaître et ce qui est encore plus drôle pour eux reconnaître leur voisin. Ils contiennent leur joie mais leurs yeux parlent pour eux ! 

Le goudron retrouvé, ce sont les adieux. Thierry et Virginie optent finalement pour le Sénégal par le goudron tandis que Jean-François et Babé tracent sur Nouakchott pour entamer leur retour sur la France en passant par la mythique remontée par la plage. C'est aussi dur pour eux que pour nous de se séparer car on a passé vraiment d'excellents moments. Nous ne sommes plus que 2 voitures pour affronter la piste Tidjikja-Tichit-Oualata-Nema

Retour par le goudron à Tidjikja où on fait le ravitaillement complet car la traversée devrait durer de 4 à 5 jours. Nous avons du mal à trouver le début de la piste malgré les indications du guide et les points GPS. Finalement un vieil homme en pick-up nous propose de le suivre jusqu'au début de la piste, exemple typique, et maintes fois rencontrés, de la gentillesse et de l'hospitalité des Mauritaniens. Il s'agit d'une autre piste récemment construite, balisée par des piquets rouges qui va jusqu'à Tichit. Elles est très ensablée et en plus, il y a des traces nombreuses et profondes de véhicules : probablement le Dakar. Nous traçons plein Est et la piste est relativement défoncée ce qui nous oblige à rouler lentement. Par contre le pick-up mauritanien chargé d'hommes et de matériel qui vient de nous doubler roule comme un fou, c'est simple on dirait qu'il vole sur la piste. On ne comprend pas comment il fait avec en plus un tel chargement, toujours est-il qu'il disparaît rapidement. Nous traversons de vastes étendues planes soit sableuses avec touffes d'herbes, soit recouvertes d'un pellicule de petits cailloux avec encore des touffes d'herbes. De temps en temps les tentes blanches des nomades apparaissent. 

De temps en temps les tentes blanches des nomades apparaissent au loin

De temps en temps les tentes blanches des nomades apparaissent au loin

Les paysages ne varient pas beaucoup et quand en fin d'après midi on aperçoit les gorges de Boudreiss on n'a qu'une envie c'est de trouver un point de vue qui surplombe l'erg réputé infranchissable dont on admire l'immensité au loin. Nous décidons d'aller au cap vers le bord des gorges. On se trouve des passages entre les pierres et les herbes à chameaux en recherchant systématiquement les zones où le sable a l'air plus porteur. On descend un petite pente pour finir à pied. La vue n'est pas aussi prometteuse qu'elle en avait l'air mais c'est quand même un beau spectacle. Mais la pente qui nous avait paru légère à la descente s'avère très piégeuse si bien qu'on se retrouve les 2 voitures bien plantées au fond. Le sable est très mou et c'est très difficile de trouver l'élan nécessaire surtout pour nous qui sommes les plus lourds et les moins dotés en chevaux. Bref on doit pousser, sortir les plaques, re-pousser. Marche avant, marche arrière, rien n'y fait, on finit même par poser l'arrière sur une satanée herbe à chameau. A force d'insister, on se sort d'un mauvais pas mais ce n'est pas suffisant. Serge réussit à trouver un endroit un peu dur et on sort les sangles pour tirer Totoy. Après pas mal de bataille, on arrive enfin à quitter les lieux. On se met aussitôt en quête d'un bivouac plus reposant, on l'a bien mérité. 

Gorges de Boudreiss à la tombée du jour

Gorges de Boudreiss à la tombée du jour

Lundi 12 Janvier

Nous repartons dans les paysages de sable et d'herbe à chameaux. La piste, labourée par les concurrents du Dakar, n'est qu'une succession de creux et de bosses ensablées. On tape, on rebondit, si on ralentit trop on se plante, si on va trop vite on tape très dur, si on va à côté des traces on doit faire un slalom monumental entre les herbes à chameaux. On se résout : on tapera et on rebondira. Heureusement le puits permanent de Zig arrive à point pour nous fournir une halte agréable avec en plus un changement de relief appréciable avec les montagnes derrière. Tout le nécessaire pour tirer de l'eau est laissé sur place à la disposition du voyageur assoiffé, l'outre en chambre à air pour récupérer l'eau et surtout la corde, tendue par terre, d'une soixantaine de mètres environ. 

Suite du parcours, toujours dans la piste ensablée dans les herbes à chameaux. Nous croisons la demi-douzaine de pick-up de la gendarmerie aperçus hier au camp d'El Gaouya, ils nous font de grands saluts, visiblement très heureux : ils doivent sûrement rentrer chez eux. 

Nous arrivons sur les flancs du Dhar de Tichit, le sable est extrêmement mou, tellement mou qu'on a failli se planter en descente ! Il fait très chaud aussi. L'arrivée sur la ville mérite à elle seule le déplacement. D'un côté on a la montagne, haute, noire, abrupte. Elle est recouverte en partie de sable ocre. Puis le sable est recouvert d'un dépôt blanc, on dirait de la neige. De l'autre côté les célèbres dunes de Tichit, superbement blondes. En face la palmeraie de Tichit, c'est magnifique.

Arrivée spectaculaire sur le Dhar de Tichit

Arrivée spectaculaire sur le Dhar de Tichit

Nous visitons ensuite la ville de Tichit avec l'aide d'un guide et suivis par des dizaines d'enfants. Toutes les maisons sont en pierre avec une architecture très élégante. Ici aussi il y a un bibliothèque de manuscrits très anciens. La ville bénéficie d'un programme de reconstruction des maisons avec les méthodes traditionnelles et c'est tant mieux. Tichit tire sa richesse de l'amersal. C'est une couche de terre et de sel mélangés qui recouvre le sol et qu'on donne au bétail. C'est une étendue immense qui se trouve derrière la ville. Nous la traversons pour prendre la piste pour Néma. Et là, une vision d'un autre temps, deux caravanes de sel une qui s'élance et l'autre qui s'apprête à partir. C'est une sensation extraordinaire. L'homme mène la caravane d'un pas long et rapide, il nous rend notre salut mais ne se détourne pas de son objectif. Les dromadaires, en enfilade les uns derrière les autres, chargés de leur précieuse cargaison, avancent d'une allure presque nonchalante avec leur démarche si particulière. Un autre nomade ferme la marche. Il se dégage de l'ensemble une impression tout simplement indescriptible. C'est vraiment fabuleux et impressionnant. Ils vont probablement à Oualata ou à Nema, comme nous. Je suis véritablement chamboulée par ce spectacle et je rêve maintenant plus que jamais, de voir les grandes caravanes, que m'ont décrites David et son père lors de leur premier Paris-Dakar. J'aimerai aussi accompagner ces grands voyageurs du désert mais je crains fort de ne pas être à la hauteur.

Caravane dans l'Amersal de Tichit

Caravane dans l'Amersal de Tichit

La piste est roulante, malheureusement pour une courte durée. On attaque de nouveau une partie sableuse mêlée d'herbes à chameaux constituant des bosse plus ou moins importantes tout ceci dans un relief de dunettes plus ou moins prononcé. De temps en temps on perd la piste à force de prendre des traces qui dévient légèrement et des traces il y en a vraiment partout. Certains passages ont un sable encore plus mous et on se plante tellement que les nomades qui viennent avec leurs ânes du village qu'on vient de traverser vont plus vite que nous. En tous cas, lorsqu'ils sont passés à côté de nous, ils se sont bien marrés. Si c'est comme ça jusqu'à Néma, on n'a pas fini !

La situation, s'améliore un peu même si la piste reste toujours aussi défoncée. Nous arrivons ensuite au puits de Touijinet par une piste bien dure. De grands troupeaux de dromadaires, de chèvres et d'ânes sont rassemblés. Deux nomades sont là pour chercher de l'eau et la ramener à leur campement. Pour cela ils ont besoin d'un âne et pour en attraper un, la méthode est simple. Ils versent de l'eau dans un grand récipient, les bêtes qui meurent de soif se pressent pour s'abreuver. Ils ne leur suffit plus que d'en capturer un. Nous enchaînons ensuite par le défilé d'El Foujj avec la lumière tombante du jour c'est magnifique et surtout ça nous récompense de notre obstination. Nous pourrions bivouaquer là mais on veut aller à Guelb Makhrouga plus connu sous le nom de "Rocher des éléphants" à une trentaine de kilomètres encore. Mal nous en prit car on s'engage dans une zone immense de sable à herbe à chameaux encore plus horrible que d'habitude, la piste est devenue tout simplement infernale. On avance là dedans à 15 km/h grand maxi. Et malgré tout, on tombe quand même sur des campements de nomades disséminés à droite à gauche et ils ont même des objets touristiques à nous vendre : complètement irréel. C'est vraiment très pénible et c'est quasiment à la nuit tombée qu'on s'installe pour notre bivouac près de rochers salvateurs.

Au milieu des herbes à chameau

Au milieu des herbes à chameau

Mardi 13 Janvier

Anniversaire de Sandy, la "petite" soeur de David. Nous lui faisons la surprise de le lui souhaiter grâce à notre téléphone satellite. Cependant, on part pas très motivés car on en a vraiment marre de cette herbe à chameau et on sait en plus qu'aujourd'hui nous attendent les plus grosses difficultés du parcours :  la zone d'aklès et la passe d'Enji. Heureusement, la perspective du rocher de Makhrouga est là pour nous stimuler. On continue, donc sur cette satanée piste, jusqu'à arriver au rocher des éléphants. Nous ne sommes pas seuls, les nomades nous attendent. Nous partons pour visiter le rocher quand on aperçoit une tâche sombre sous notre voiture. David et Serge restent là pour diagnostiquer le problème tandis que Jacqueline et moi partons à pied  voir les éléphants de pierre pas très enthousiastes il faut le dire. A notre retour, le verdict est donné : fuite de la boite de transfert, il y a encore de l'huile mais il faut surveiller de près. De bon matin, ça calme.

Rocher des Elephants

Rocher des Elephants

On apprécie quand même la suite du programme avec d'autres fantaisies de la nature toujours dans le thème des rochers. On arrive aux puits cimentés d'Aratane. Un homme et son fils tire de l'eau. Ils ont toujours aussi fière allure dans leur habit bleu. La piste attaque maintenant une sorte de plateau rocheux qui nous change du sable. Une fois de plus, les difficultés sont là car pour le coup, il n'y a plus aucune trace et c'est au cap qu'on doit trouver la passe. Mais le relief ne se prête pas vraiment au hors piste et on tourne pas mal en rond. On revient au puits pour demander plus d'infos sur la piste qu'on pense avoir ratée. Non c'est vraiment là qu'on doit passer. Nous prenons notre mal en patience et on roule gentiment pour se frayer un chemin dans cette caillasse bien cahoteuse. 

Nous retrouvons ensuite le sable, plus ou mois mêlé de cailloux avec bien sûr nos fidèles compagnes les herbes à chameaux. Nous admirons une fois de plus les étranges amas de roches de toutes les formes dont le plus connu est Es Sba. Arrive enfin le gros morceau : la zone d'aklès. C'est la partie la plus difficile car dangereuse. Ce sont de dunes hautes, qui peuvent avoir des crêtes abruptes mais surtout qui peuvent se terminer en véritable entonnoir d'une trentaine de mètres d'où il est quasi impossible de se sortir. Il ne faut pas non plus oublier la présence des herbes à chameaux nombreuses et compactes. Bref une vingtaine de kilomètres de cordons dunaires à franchir sous haute tension. Le passage du Dakar là au milieu n'est pas non plus là pour nous faciliter les choses. Encore une fois, c'est un vrai champ de bataille et la reconnaissance à pied est indispensable à condition bien sûr de pouvoir s'arrêter sur une zone de dur où qui ne pose pas problème pour repartir. Le ciel est bas et le vent est toujours présent. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'atmosphère est chargée. Nous progressons par petit bout, l'un après l'autre, à un rythme ridicule même pas 10 km/heure. A chaque fois qu'on se sort d'un mauvais pas, il y en a un autre qui nous attend. En particulier dans une grande montée, Totoy a de gros problème pour ne pas rester planté. On part tous devant à pied, pour tester les trajectoires possibles. Une fois l'itinéraire vérifié, David se lance plein gaz et juste quand il passe devant nous , c'est à dire à moins d'un mètre, sous les roues arrière de la voiture apparaît une vipère des sables, sonnée mais toujours bien vivante. Quelques secondes auparavant, nous sommes passés à pied juste à côté. Ca me fait froid dans le dos !

Au bout d'un temps infini, nous sortons enfin de cet "enfer". Une zone de plat tombe à point pour faire notre pause déjeuner. Mais nous ne sommes pas au bout de nos émotions : 

5 véhicules surgissent sur le sommet des dunes en face. David prend les jumelles mais tout ce qu'il voit c'est des Pick-up couleur sable uniforme avec plusieurs hommes a l'arrière. Les véhicules se rapprochant, David observe que ces hommes sont vêtus de treillis avec des chèches et semblent armés. Mais il ne voit aucun emblème militaire sur les véhicules. Tout a coup, 2 véhicules partent sur notre droite, les deux autres arrivent à vive allure et se déportent sur notre gauche, quant au cinquième il disparaît. Les deux véhicules de droite stoppent et restent en retrait tandis que les deux premiers se déploient : un se poste sur le sommet de la dune à notre gauche et le deuxième se dirige lentement vers nous et s'arrête à une centaine de mètres nous faisant signe de ne pas bouger. Bref on est encerclé. On planque les jumelles, on n'est pas rassurés du tout.

Un homme saute du pick-up armé d'un fusil mitrailleur pointé dans notre direction tandis qu'un autre descend de l'avant nous faisant signe d'approcher. David et son père descendent de la voiture et se rapprochent à pied. Je n'en mène pas large : on a tout bon ou tout faux. Contrairement à d'habitude personne ne nous a fait de grand signe de salutation de loin. Je suis dans la voiture et j'observe attentivement la situation. Finalement celui qui à l'air d'être le chef salue David et son père et commence à discuter. L'homme à la mitraillette met son arme au repos et fait signe aux autres véhicules que la situation est OK. Ceux-ci se rapprochent tout en gardant une distance de sécurité. Apres quelques mots échanges et poignée de mains, David et Serge reviennent à nos voiture. Grand soulagement. Il s'agit de l'armée régulière de Mauritanie dépéchée pour la sécurité du Dakar et qui rentre à Tichit. Ils se sont renseignés sur notre parcours et sur d'éventuelles difficultés. Finalement on n'a pas trop envie de rester la manger et on continue notre chemin. Au passage nous croisons les autres véhicules qui étaient restés en retrait et qui nous font de grand signe d'amitié. Nous repartons assez vite car on n'a vraiment pas envie de traîner dans cette zone. Un kilomètre plus loin, même topo. Il s'agit en fait du cinquième véhicule. Il nous fait signe de nous arrêter et de rester a distance. David et son père redescendent de la voiture et le même rituel se déroule ce coup-ci il s'agit du commandant du peloton. On est pressé d'en finir : on a envie de souffler. On mange sur le pouce et on continue sur la piste toujours infernale, ça commence à être vraiment pesant.

On arrive droit sur une zone montagneuse à traverser. Je n'aime pas trop la pierre mais là on est ravi. Sur la piste bien balisée, on tombe sur 2 chacals en vadrouille. Arrive enfin la passe d'Enji. L'endroit est superbe mais a son lot de difficulté. Sur notre guide, ils conseillent carrément de la monter en marche arrière en cas de problème. La montée est d'abord empierrée puis complètement ensablée on cumule les désavantages. Et comme vous vous en doutez le terrain est carrément labouré par les concurrents du Dakar. Il faut le voir pour s'en rendre compte. David attaque la montée mais s'arrête avant le plantage. Son père prend une autre option qui lui réussi si bien qu'il grimpe direct en haut. Finalement, après l'étude approfondie du terrain, David repart avec de l'élan sur une nouvelle trajectoire et atterri lui aussi au sommet. Les nomades spectateurs applaudissent, ils sont contents pour nous. On s'en est sorti comme des chefs. Le soleil descend de plus en plus vite, nous redescendons du plateau rocheux par l'autre passe d'Enji tout aussi ensablée que la première et bivouaquons juste un peu plus loin en nous remémorant cette journée très riche en évènements et émotions.

La passe d'Enji en reconnaissance

La passe d'Enji en reconnaissance

Mercredi 14 Janvier

Cette nuit nous a fait du bien et aujourd'hui, on devrait arriver à Oualata ça aussi ça nous remonte le moral. Au petit matin on passe par le puits d'Oujaf. Il est très animé avec les troupeaux de dromadaires et leurs bergers qui les abreuvent. Un véhicule militaire, maintenant on les reconnaît, est là lui aussi, il nous fait le même topo que ses collègues de la veille. Même si on est habitué, ce scénario nous met quand même mal à l'aise. On assiste aux allées et venues des hommes du désert, dressés fièrement sur leur chameau. Ce spectacle est toujours aussi fascinant.

Puits d'Oujaf

Puits d'Oujaf

Nous débouchons ensuite sur une vallée immense, le soleil s'est enfin décidé à percer ce qui nous permet d'apprécier la beauté de la vue à sa juste valeur. Le puits de Tagouraret marque la fin de la vallée et le début des dunes. Là encore c'est magnifique. Du côté du puits, des centaines de bêtes vagabondent. De l'autre côté des caravanes sont au repos. Les hommes en bleus, juchés sur leur monture, viennent compléter le tableau. 

On traverse les dunes et au détour d'un virage on tombe cette fois-ci sur une caravane d'une trentaine de chameaux en mouvement. Je vais me répéter mais c'est une scène superbe et aussi très émouvante. Au milieu du désert, le moindre détail prend de l'ampleur. Quand on roule des kilomètres et qu'on ne voit pas un signe de vie, quelque chose d'insignifiant crée un événement : un papillon, un oiseau, un lézard qui passe (une vipère !). Alors imaginez ce qu'on ressent quand on voie une caravane c'est juste fantastique.

Caravane entre Tichit et Oualata

Caravane entre Tichit et Oualata

Nous arrivons en fin de journée sur Oualata et ses célèbres portes. Nous prenons un guide pour visiter cette autre ville historique de la Mauritanie. Je suis très déçue. Je rêve de ce moment depuis un an et demi. Mais la réalité n'est pas à la hauteur de mes espérances. En fait la ville est très salle (contrairement à ce qui est dit sur le guide du Routard). Les ruelles que nous empruntons sont jonchées de détritus et de plastiques. Beaucoup de maisons tombent en ruine ou possèdent portes et  fenêtres murées. Bref je ne ressens pas du tout le charme qui peut se dégager de la ville. En fait, il y avait un projet de restauration espagnol et marocain qui a permis un sursaut de survie à Oualata mais le projet s'est terminé en 2002 et on le voit bien. A la sortie de la ville, les gens campent carrément au milieu de monticules de déchets qui en brûlant dégage une odeur âcre et nauséabonde. 

Heureusement la visite des jardins avec leur système d'irrigation par goutte à goutte issu du même projet réhaussent un peu l'image de Oualata. Ca fait du bien de voir quelque chose qui marche mais pour combien de temps encore. Les fonds sont coupés et apparemment ils ont du mal à fonctionner en autarcie. C'est vraiment dommage car la soixantaine de famille concernée fait tout de A jusqu'à Z : semis, plantation, récolte, compost ... et leur nourriture s'est beaucoup améliorée grâce à la culture des tomates, oignons, choux, courgettes, salades et autres légumes. C'est sur ce bilan mitigé que nous laissons Oualata pour bivouaquer un peu plus loin.

Le style restauré des célèbres portes de Oualata

Le style restauré des célèbres portes de Oualata

Jeudi 15 Janvier

Nous partons pour Néma, la piste est roulante, le ciel est très bas et il y a beaucoup de vent et donc de poussière, on dirait presque qu'il va pleuvoir. Nous sommes enfin débarrasser des pistes ensablées avec l'herbe à chameau. Je pense qu'on a vu l'herbe à chameau sous toutes ses formes, sous tous les formats possibles et surtout avec tous les reliefs imaginables dans le sable : Je crois qu'on doit frôler l'indigestion !

On est content d'arriver enfin à Néma pour retrouver le goudron. La ville quant à elle n'a rien de remarquable. Il n'y a pas grand chose mis à part les plastiques qui volent dans tous les sens et qui transforment les quelques arbres dénudés de feuilles en sapin de Noel. Le vent de sable qui souffle fort élimine la lumière et tout contraste de couleur : aujourd'hui Néma est couleur poussière.

Après un arrêt d'une heure aux douanes pour les formalités d'enregistrement (plus une taxe de 4000 ouguiyas pour la voiture ?) Nous prenons la route pour Ayoun El Atrous pour passer ensuite au Mali. Nous sommes maintenant dans la partie sahélienne de la Mauritanie. On est passé de zone désertique à zone semi aride. Nous voyons le changement aussi par le bétail : les troupeaux de zébus font leur apparition et côtoient les nombreux troupeaux de chèvres, moutons, ânes et dromadaires : c'est impressionnant le nombre de bestiaux qu'il y a.

Nous arrivons tard à Ayoun et passons la nuit dans un campement sympa avant la ville.

 

Vendredi 16 Janvier

Euréka, j'ai trouvé un cybercafé avec Windows 2000 pour prendre ma clé USB, je peux enfin réaliser ma première mise à jour du site. Il n'y a toujours pas de client FTP pour faire le transfert de fichiers mais je me débrouille "à la mano". Nous faisons nos ravitaillements comme à l'accoutumée et dépensons nos derniers ouguiyas.

Les ouguiyas, monnaie de la Mauritanie (recto)

Les ouguiyas, monnaie de la Mauritanie (recto)

La piste vers la frontière malienne est comme toujours dans les villes et villages, difficile à trouver. L'avantage quand on se perd c'est qu'on visite des quartiers où on ne serait jamais allé. Finalement toujours avec l'aide des gens, on arrive à retomber sur nos pattes. C'est une superbe piste très large et en travaux que nous trouvons. Visiblement l'axe Ayoun El Atrous - Nioro du Sahel est appelé à se développer. Il commence à faire chaud. Nous traversons de nombreux villages où les gens et surtout les enfants nous saluent avec de grands signes de la main. Il semble que cela soit jour de lessive. Il y a de nombreux trous d'eau avec des femmes et des enfants qui lavent leur linge qu'ils mettent ensuite à sécher par terre ou sur les arbustes. C'est un festival de sourires et de couleurs. Nous notons aussi l'apparition des chevaux et les cavaliers sur leur monture ont aussi fière allure que les hommes du désert sur leur chameau.

Nous arrivons à Nioro du Sahel qui est au Mali sans avoir vu l'ombre d'une frontière et surtout d'un poste frontière mauritanien (ni malien d'ailleurs), on ne va quand même pas faire demi-tour. Nous tournons en rond dans la ville et apprenons que c'est ici qu'il faut faire les formalités d'entrée. Nous voilà partis pour le tour des bureaux.

 

 

Mauritanie 2004

Ca peut toujours servir

  • Coordonnées Mohamed Artouro : artouromohamed(at)yahoo.fr
  • Coordonnées de Moussa Wane : Village LOUKREIDAT, PK222
  • Coordonnées de Cheik Habib : cheikhselemtouhabib(at)yahoo.fr, site web : www.ben-amira.com
  • Taux de change obtenu via Nouadhibou : 310 c-a-d 31000 Ouguiya pour 100 Euros.
  • Cybercafé à côté du marché d'Atar, Windows 98, pas de client FTP, 200 Ouguiya / heure.
  • Cybercafé à côté du marché de Tidjikja, Windows 98, pas de client FTP, 200 Ouguiya / heure.
  • Prix du gas-oil : entre 113 et 133 ouguiyas
  • Prix d'un petit pain : 80 ouguiyas
  • Prix d'un carton de 12 bouteilles de 0,75 l : 2000 ouguiyas
  • Repas pour 2 dans une auberge comprenant un plat avec boisson et thé : de 5000 a 6000 ouguiyas
  • Chambre dans une auberge : 4000 ouguiyas 
  • Cybercafé à Ayoun El Atrous avec des machines Windows 2000, pas de client FTP, 200 ouguiyas de l'heure
  • Si vous comptez passer la frontière renseignez vous avant sur la possibilité de faire les formalités à Ayoun. Notre enregistrement (pénible) au niveau des douanes de Néma nous a finalement servi vu qu'on n'a involontairement rien fait à Ayoun.

 

L'album photos Mauritanie

L'album photos Mauritanie

Maroc -> Nouâdhibou -> Voie ferrée -> Atar -> Chinguetti -> Er Rachid -> Vallée de N'Beika -> Guelta de Matmata -> Tidjikja -> Tichit -> Oualata -> Nema -> Ayoun El Atrous -> Mali

 


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